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    «  Questionneur : La recherche du Soi est égoïste dans un monde de misère.

       Maharshi : La mer n’est pas consciente de ses vagues, de la même manière le Soi n’est pas conscient de ses egos.
          Si le bonheur d’une personne était dû aux circonstances extérieures et à ses possessions, alors ceux qui ne possèdent rien seraient quoi qu’il arrive malheureux.
         Est-ce que la réalité (l’expérience) montre cela ?
        Non, car en sommeil profond, on est dénué de toute possession incluant celle du corps ; cependant, au lieu d’être malheureux, nous nous réjouissons de cet intermède de béatitude. Est-ce que personne ne désire pas dormir profondément ?
         Ainsi le bonheur n’est pas dû à une cause extérieure, mais au fait de retourner au Soi.
        Quand le pur “Je”, la seule réalité, est perdu de vue, toutes sortes de problèmes se soulèvent, mais quand le Soi est bien cadré, ils disparaissent.
         Sortir du Soi engendre toutes les formes de misères. »
     
    Ramana Maharshi
     
       C'est pourquoi je souhaite demeurer dans le Soi, et pourquoi toute explication concernant le moyen d'être heureux en composant avec les évènements de la vie me paraissent dérisoires. De même, l'Âme, que j'ai longtemps cherchée puis trouvée, n'est qu'une étape du chemin vers le Soi, car elle n'est que la première manifestation du "Je" initial et, survivant au corps, est appelée à se réincarner. Elle fait donc encore partie de ce vaste théâtre dans lequel nous évoluons et n'est pas le point d'aboutissement parfait de la quête.
     
         La question "Qui suis-je ?" ne mène pas à définir une personne ou une forme discernable, mais conduit au-delà de toute personne et de toute forme, dans la vastitude de l'Être qui s'exprime de façon éblouissante et innombrable à chaque instant.
     
         Cependant j'avoue qu'il faut avoir beaucoup vécu pour pouvoir affirmer cela - à moins d'avoir eu cette expérience fulgurante qu'on nommait autrefois "illumination". Parvenir à se détacher du quotidien n'est pas si facile et, quand on aime profondément la vie, on ne peut que se laisser descendre au gré des vagues pour pouvoir remonter avec la houle. C'est un peu mon habitude, que ce jeu de yoyo !
     
     
        

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            J'ai relu le livre une seconde fois, pour relativiser cette réaction que j'ai face à certaines affirmations de Frédéric Lenoir selon lesquelles on pourrait être heureux en utilisant quelques moyens simples du genre : suivre son cœur pour trouver sa vraie voie dans la vie, ou encore utiliser la force mentale pour obtenir, par la pensée dirigée, certains résultats... Ayant déjà, au cours de ma vie bien avancée, expérimenté tous ces exercices, je sais qu'ils sont bien peu fiables, les choses arrivant toujours telles qu'elles doivent arriver, parfois en bien, parfois en mal, sans que nous y puissions rien.

            Ce sont toutes ces bonnes paroles que Blanche distille à Hugo, avec force citations de textes appris par cœur, qui me rappellent l'échec total de mon parcours éducatif, poursuivi d'une manière trop disciplinée et trop scolaire pour porter de réels fruits. Mais pourtant on est touché, et Hugo est touché, pourquoi ? Parce que derrière tout cela il y a de la passion - passion de Blanche pour tous les textes qu'elle évoque - et surtout de l'amour : son désir profond de l'aider, son amour réel pour lui, et qui se ressent.

           Ce qui ressort donc en réalité de tous ces échanges, ce ne sont pas les propos eux-mêmes, qui en fait sont de très peu d'importance, mais ce qui se cache derrière eux, ce qui les provoque et fait leur finalité : une puissante énergie que Blanche est capable de déverser de son propre cœur dans le cœur de Hugo. Le passage de témoin, si j'ose dire, se fait de cœur à cœur - et d'ailleurs il ne peut en être autrement sur cette terre.

          De même, quand j'ai reçu ce livre, ce que j'ai reçu en réalité c'est l'énergie du cœur de la personne qui me l'a envoyé ; et c'est cela qui m'a fait le plus de bien...

     
         Ainsi, quand Frédéric Lenoir essaie de nous apporter des réponses au niveau humain, peut-être n'y parvient-il pas tout à fait. Mais par bonheur, il fait parler un ange ! Il dit bien lui-même que cet ange ne prononce pas de mots qui soient véritablement audibles. Mais l'énergie émanée de son cœur se propage et, transmise sous forme de mots, ceux-ci constitueront les passages les plus merveilleux et les plus réconfortants de l'ouvrage.

          En voici quelques-uns.

     

    «   Ce que vous appelez le mal peut se concevoir comme la privation du bien. Sans l'expérience du mal, vous n'auriez aucune conscience de ce qu'est le bien. Sur terre, tout est expérience. Certaines sont lumineuses, d'autres ténébreuses. Certaines dilatent le cœur, d'autres l'éprouvent. Certaines consolent, d'autres terrifient. Lorsque tu es plongée dans la douleur, ne regarde pas ta vie uniquement à l'aune de la souffrance. Considère-la comme un tout indivisible, avec ses hauts et ses bas, ses joies et ses tristesses, sa part d'ombre et de lumière, et rappelle-toi les moments heureux du passé. Alors tu pourras continuer d'aimer la vie malgré tout. Et lorsque tu passeras définitivement de l'autre côté du miroir - ce que vous appelez la mort - tu verras l'envers des choses et tu comprendras que toutes les expériences que tu as traversées pouvaient te faire grandir en humanité, en conscience et en amour. Mais c'était à toi d'en décider. Car toute âme est libre. Non pas toujours du choix des évènements qui arrivent, mais toujours de la manière dont elle va y réagir. Si tu comprends que toute expérience peut te faire grandir, alors tu sauras donner du sens à tout ce qui t'arrive et tu progresseras de plus en plus en joie, en sérénité, en connaissance de toi-même et du monde, et surtout en amour, qui est l'énergie la plus forte et la plus élevée de tout ce qui est. »

    «   Je serai toujours avec toi, même si tu ne me vois plus avec les yeux du corps. Souviens-t'en lorsque ta douleur sera grande. Tu n'es jamais seule. Aucun être humain ne l'est, même s'il le croit. Tu es aimée et chérie pour toujours. N'aie plus jamais peur.  »

    La Consolation de l'ange, p.116-117 et p.138-139

     

         Si le seul but du roman avait été de faire passer ces propos, cela aurait suffi à le légitimer. Mais en plus il aborde de nombreuses angoisses contemporaines et a le mérite de montrer que, s'il existe actuellement de grandes souffrances dans le monde, cela n'est pas nouveau, et que les hommes ont su depuis toujours les affronter et montrer comment les traverser - par la pensée, par l'art, et surtout par l'amour.

     

     

     

     


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           Après une brève semaine en Bretagne, dans une région chère à notre famille où avec proches, enfants et petits-enfants nous avons fêté joyeusement quatre anniversaires franchissant une décennie, dont un me concernant, je reviens vous parler du petit livre que m'a offert pour cette occasion notre chère amie Durgalola.

          Elle a bien choisi avec Frédéric Lenoir dont j'avais déjà lu plusieurs essais, tel "La puissance de la Joie"; mais il s'agit cette fois d'un roman, intitulé "La Consolation de l'Ange".

     

    La Consolation de l'Ange de Frédéric Lenoir

     

          Il évoque la relation magique qui s'établit dans un hôpital entre un jeune homme de 20 ans qui vient de faire une tentative de suicide et une très vieille dame en fin de vie. Pourquoi se sont-ils retrouvés dans la même chambre ? Parce qu'il n'y avait plus de place bien sûr, mais aussi parce que la vieille dame, désignée par le prénom de Blanche mais dont on verra qu'il n'est pas son prénom d'origine, est connue pour avoir, malgré son état, une force morale et une joie de vivre exceptionnelles susceptibles d'avoir un effet bénéfique sur le jeune désespéré.

         Et ce sera en effet le cas. Sans vouloir dévoiler tout ce qui va bientôt émerger de leurs confidences sur leurs vies respectives, on sait combien l'expérience de personnes âgées ayant traversé de multiples épreuves parmi lesquelles une guerre mondiale peut apporter à de jeunes désorientés.

              Mais ici Frédéric Lenoir en profite pour distiller toute sa philosophie et en particulier sur le thème de la joie, en citant Spinoza après avoir stipulé que cette prodigieuse petite femme décharnée, qui a cessé de s'alimenter à l'aggravation de son insuffisance rénale, avait été professeur de philosophie et adorait l'enseigner à des jeunes comme ce Hugo. D'une mémoire indéfectible, la voici de plus récitant les Contemplations à son jeune ami, pour le féliciter de porter en prénom le nom de son poète favori - avec Baudelaire confiera-t-elle plus loin ! 

           J'ai lu avec plaisir par le passé les romans de Jean-Paul Sartre, axés sur le thème de la Liberté et développant sa philosophie à travers l'action. Mais là le souci pédagogique est encore plus évident, avec des citations fréquentes et même des conseils de lecture. C'est l'occasion d'opposer le doute de Hugo aux démonstrations apportées par Blanche, dans une sorte de dialectique que l'auteur essaie de rendre naturelle, en émaillant les dialogues d'évènements successifs qui font avancer petit à petit l'action vers son aboutissement attendu - le décès de Blanche et la libération de Hugo qui tire d'elle la force de renaître totalement, avec des accents qui me rappellent tantôt "L'Arbre de Noël" de Michel Bataille et "Le Petit Prince" d'Antoine de Saint-Exupéry - , et des parenthèses situées dans un autre temps dont on comprendra peu à peu la signification.

         Le défi est remporté, les personnages et les situations sont crédibles et fort émouvantes, le message passe aisément. Mais c'est toujours du Frédéric Lenoir, quelqu'un que j'ai toujours trouvé très gentil, adorable, plein de bonnes intentions et pourvu d'une culture incroyable, simple et montrant la simplicité en tout, et qui pourtant ne me touche pas vraiment... Sans doute parce que pour moi son discours n'a rien de nouveau, il ne fait que répéter du connu, et me donne l'impression d'un prédicateur qui vous fait le commentaire d'une page d'évangile à la messe.

         Ce m'est donc l'occasion d'observer comment se comporte mon mental : il cherche sans cesse du nouveau, de l'inédit, un "scoop" à se mettre sous la dent ! Mais quand bien même j'aurais rencontré Jésus, avec sa "Bonne Nouvelle", au bout de quelque temps l'effet "nouveauté" s'émousse et l'enthousiasme retombe. La morosité du quotidien reprend le dessus et même si l'on "sait" que là-dessous vit quelque chose de plus grand, la grisaille vous étouffe. Cet été gris, la fatigue liée à l'âge qui s'est considérablement amplifiée avec la suppression de la plupart de mes activités sportives depuis les débuts du covid en 2020, et les difficultés rencontrées par mon entourage que je m'épuise à chercher à aider, ont raison de ma joie de vivre. Et pourtant, j'en ai rencontré des êtres semblables à Blanche ! Mais ils n'ont pas totalement déteint sur moi... Je sais bien que la vie évolue par vagues et qu'après le creux, vient forcément la remontée ; mais je guette anxieusement celle-ci alors que la sagesse voudrait que je sache également apprécier les deux états sans faire entre eux de différence.

          D'ailleurs mes vacances n'étaient pas si mal. Je vous en offrirai peut-être quelques images ! Mais elles ne vaudront jamais ce parfum de réalité qui éclaire encore ma mémoire et baigne mon cœur de joie pour tant de paysages aimés retrouvés et tant de vie et d'amour partagés.

     

           

    Assise au bout de la pointe  

      (Un moment d'exception : échappée au bout d'une pointe ! Je n'ai pas osé escalader plus haut...)

    La Pointe de Begastel en Plouha 

     

     


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          Assise dans mon jardin derrière ma maison, le soir, je regarde le ciel avec ces nuages majestueux qui se parent des lumières dorées du couchant, et je suis en extase devant la beauté du cosmos.

        Oui, c'est le mot "cosmos" qui m'est revenu à l'esprit, avec cette sensation d'un Tout organisé, d'une sorte d'immense organisme magnifique dont nous ne sommes que d'infimes parcelles parmi toutes les autres, et dont pourtant nous avons le privilège inouï de le contempler, d'en être conscients, de le ressentir et d'y participer par tout notre être, sensitif et intellectuel.

         Comment ne pas voir dans l'Univers un Être sublime et exalté ? Tout en Lui vit, vibre et échappe totalement à notre entendement, à notre compréhension. Comme notre propre corps, nous pouvons l'étudier, essayer de le maintenir en bon état, le visiter ; mais en aucun cas nous ne pouvons agir sur son fonctionnement - sauf en le détériorant par une utilisation excessive. Ses réactions nous échappent, et nous ne restons jamais que d'humbles usagers du monde qui nous environne, nous porte avec amour ou avec parfois des crises qui nous épouvantent et nous montrent combien il nous dépasse.

          Qui alors peut parler de "liberté" ? Quelle liberté avons-nous, sinon celle d'être arrogants et de courir tôt ou tard à un désastre par égoïsme, ou bien de demeurer dans l'acceptation et la gratitude, reconnaissant notre faiblesse et remerciant pour la grâce qui nous est faite de jouir d'un tel environnement ?

          Le jardin d'Eden, nous y sommes ! Et croquer la pomme qui précipite notre chute, c'est déclarer "JE suis libre de faire ce que JE veux !" Nous savons bien que rien ne se passe jamais comme nous voulons. Nous sommes nés sans l'avoir décidé et mourrons de même. Nous faisons des choix dictés par les paramètres que nous connaissons mais ne pouvons jamais, jamais en prévoir les véritables conséquences. Il y a autour de nous une grande Vie qui continue son chemin et dépasse de fort loin nos petites envies.

         L'admirer, La remercier, voilà le privilège le plus gratifiant que nous puissions avoir...

     

     

    Aurore boréale au lever du jour vue de l'espace

     

     

         À vous tous, j'en profite pour présenter mes remerciements pour votre présence affectueuse et enrichissante, et pour vous prévenir que je vais m'absenter quelque temps pour de belles vacances en famille, sans trop savoir si j'aurai la possibilité d'aller sur vos blogs entre le 15 et le 23 prochains... En effet, là où je vais, c'est une surprise ! J'aurai les coordonnées du gîte pour faire la route dimanche prochain. Je sais seulement que c'est en Côtes d'Armor. 

         Bises à tous, amies et amis.

     

     

    Pensée du soir

     

     

     


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           Les grands randonneurs, les pèlerins le savent bien : marcher longuement a d'infinis pouvoirs sur notre mental anxieux et trop sollicité par le monde actuel.

          J'en ai observé les effets encore aujourd'hui, en me promenant dans les bois.

           Au début, je ne pus m'empêcher de laisser exploser tout ce que j'avais sur le cœur. Des tas de pensées m'agitaient, que je ne pouvais lâcher ; des tas de choses me gênaient, ou me manquaient : mes bâtons n'allaient pas, je m'arrêtais pour arranger mon sac à dos, pour sortir mon téléphone, je pensais à l'heure qui me semblait avancée, puis à boire, à enlever mon pull... C'était un véritable bouillonnement. Mes pensées sautaient vers l'avenir (pronostics, appréhensions), revenaient au passé (comparaisons, souvenirs) et je me disais bien que même en m'accrochant au présent je demeurais dans le brouillard le plus total, m'intéressant à peine au paysage que je pensais connaître par cœur mais seulement au fait de buter dans une ronce ou de ne pouvoir poser correctement mes bâtons, le sentier s'avérant trop étroit.

          Soudain un rayon de soleil fit exploser la forêt à mes yeux, et je m'écriai : "Tiens ! Le soleil !"

          Je vis alors que les pensées qui m'occupaient s'effaçaient enfin pour laisser place à la vision présente.

           Les arbres, les branchages au sol, les multiples petites plantes, les formes des racines, les bruyères, les papillons, les limaces, les moucherons s'emparèrent de mon attention, et je commençai à prendre quelques photos : tout me paraissait si beau soudain !

          Mais observant toujours mes pensées, je constatai qu'elles faisaient encore écran à la réalité. En effet, qui parlait du soleil ? Des arbres ? Des papillons ? Mon mental bien sûr, qui cherchait encore à poser des étiquettes, des concepts sur les choses.

            Pourquoi donner des noms et identifier chaque parcelle du paysage ? Pourquoi distinguer ceci de cela, chercher à mettre des mots sur les choses ? Bien sûr, l'écrivain y est obligé, le langage est un code servant à transmettre une expérience. Mais le peintre peut le faire tout aussi bien sans utiliser de mots ! Ce qui est perçu - vu, entendu ou ressenti - n'a pas besoin d'être défini, au contraire ceci freine, atténue la qualité de l'expérience. La véritable expérience, directe, est celle de l'enfant qui ne connaît rien et se laisse absorber par son ressenti sans rien identifier. 

            Petit à petit, à force de marcher, je découvris que, bien qu'étant souvent venue à cet endroit, je ne l'avais encore jamais vu tel qu'il m'apparaissait là. Aujourd'hui il était totalement nouveau, totalement inédit, totalement différent. Et bientôt, plongée dans la beauté du paysage et portée par le son régulier des bâtons au sol comme par la caresse du vent doux et tiède, ressentant le va-et-vient puissant de mon souffle en même temps que la légère douleur à l'orteil qui surgissait parfois, je disparus dans un ensemble indivisible qui constitua mon "être-au-monde" de l'instant.

           À ce moment, je rayonnai de joie, de la joie d'être et d'être si pleinement que rien d'autre n'aurait pu me combler. Le mental s'était enfin effacé... Tout brillait d'amour et de complicité, tout m'était familier, proche, bienfaisant, nourricier.

              

     

    Marche en forêt

     

     

     


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