Silence vivant

D’où tout prend forme

Même le gris

Même la tristesse

La Nature 

Se love sur elle-même

Quand sonne l’heure

De ta rencontre avec Toi-même

Tout disparaît

Au creux de l’abîme

Miroite la lumière

De toute ta Présence

De tous tes Possibles

De tout ton Amour

     Une personnalité d'exception nous a quittés dans la nuit du 21 au 22 janvier dernier : le grand Maître Thich Nhat Hanh, qui était de retour au Vietnam et totalement immobilisé par un accident vasculaire cérébral depuis 2014.

      Voici un texte de lui, relevé sur un communiqué de la sangha de Mooji par qui j'ai appris cette nouvelle :

« Ce corps n'est pas moi.
Je ne suis pas limité par ce corps.
Je suis la vie sans frontières.
Je ne suis jamais né,
et je ne mourrai jamais.
Regarde l'océan et le ciel rempli d'étoiles,
manifestations de mon merveilleux véritable esprit.
Depuis longtemps, je suis libre.
La naissance et la mort ne sont que des portes par lesquelles nous passons,
seuils sacrés de notre voyage.
La naissance et la mort sont un jeu de cache-cache.
Alors ris avec moi,
tiens ma main,
disons nous au revoir,
dites au revoir, à bientôt.
Nous nous rencontrons aujourd'hui.
Nous nous reverrons demain.
Nous nous retrouverons à la source à chaque instant.
Nous nous rencontrons dans toutes les formes de vie. »

       Qu'il soit béni de nous avoir honorés de sa Présence et de son enseignement durant tant d'années et que sa Paix s'étende sur le monde !

       Non seulement c'est une femme, mais toute jeune, et française. Et quel caractère ! Quelle présence dans sa musique, aussi douce que vigoureuse, aussi personnelle que résolument actuelle !

      Pourtant Camille Pépin n'a rien d'un Mozart. Elle est née en Picardie le 17 novembre 1990 dans une famille ne s'intéressant a priori aucunement à la musique, mais où tout simplement on l'a inscrite à un cours de danse.

    Et voici qu'aussitôt, avec toute la fermeté que lui apporte son signe natal du Scorpion, elle supplie ses parents :

"La musique pour moi, c'est aussi important que boire ou manger ! C'est vital !"

    Alors ses parents l'inscrivent en classe de piano au Conservatoire d'Amiens. Bonne pioche : elle gravit les échelons si brillamment qu'on la retrouve bientôt en composition au Conservatoire National Supérieur de Paris où elle remporte cinq Premiers Prix et reçoit l'enseignement des meilleurs maîtres actuels !

     C'est devenu un phénomène qui séduit autant le public que les interprètes, et à qui on commande des œuvres de circonstance pour différents concours d'instruments ou de direction d'orchestre.

       Car elle n'en est pas restée au piano, loin de là ! Sa prédilection va vers les œuvres symphoniques ou pour ensembles assez variés, où elle utilise par exemple volontiers le marimba ou les percussions. Ses œuvres aux subtiles couleurs orchestrales tantôt vivantes, rythmées, tantôt contemplatives et empreintes de sons de la nature lui ont bientôt valu le grand prix de la Sacem en 2015 puis un premier Prix aux Victoires de la musique classique "Jeune compositeur" en 2020.

     On trouve de nombreux enregistrements de sa musique sur youtube, notamment sur sa propre chaîne, mais elle a aussi déjà édité deux disques, et a bien sûr de nombreuses partitions publiées chez différents éditeurs. Elle aussi une page Wikipedia et son site ici.

      Elle aime dans sa musique évoquer la Nature (les orages, la pluie, l'eau, le lever du jour, les arbres...) un peu dans l'esprit japonais ; mais s'inspire aussi de la poésie (elle a mis en musique des sonnets de Baudelaire) et notamment de langue anglaise (son œuvre Chamber Music est tirée d'un cycle de poésies de James Joyce).

     Je voulais vous faire entendre un extrait assez court de sa musique, mais je ne puis résister à vous faire auparavant écouter la jeune femme elle-même : en effet il s'agit également une vidéo très courte. Elle y évoque la genèse d'une de ses compositions, inspirée cette fois de l'auteur américain Robert Frost : The Road not taken ("la route que l'on n'a pas prise").

      Et voici maintenant cet extrait que je vous destinais, de "La Source d'Yggdrasil" (2018), interprétée à l'occasion des 28^es Victoires de la musique classique en février 2021.

        Je disais que ce jour était un jour comme un autre... Que le temps se déroulait sans ces comptages qui non seulement étaient purement conceptuels, mais en plus variaient d'une société à l'autre.

      Cependant aujourd'hui je découvre ceci : quelle chance de connaître le retour régulier d'une journée dans laquelle on se sent soudain face à l'immensité du mystère, neufs comme des nouveaux-nés qui en une nuit ont chassé tout souvenir d'un passé aussi décrépi que le noir décembre ! Alors que les jours sont toujours aussi courts et les nuits aussi longues, le clair soleil dont nous avons été comblés aidant, nous voici soudain propulsés vers un janvier blanc comme neige, immaculé comme un chemin vierge étalé sous nos yeux éblouis...!

      Chaque matin devrait nous apparaître ainsi. Et pourtant l'importance donnée régulièrement à ce passage d'une fin vers un début nous rappelle cette renaissance, que nous oublions si facilement dans notre quotidien chargé.

       Puissions-nous donc aujourd'hui nous éveiller tous au miracle d'être là, totalement dépouillés de toute charge du passé, et attendant comme l'enfant de Noël la venue des Mages qui, telles les bonnes fées de la Belle au Bois Dormant, vont nous munir des talents dont nous aurons besoin pour le nouveau chemin qui brille devant nous, clair comme une petite source !