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             Cet article prend place dans la section "Actions de Grâces", pour témoigner de ma gratitude d'avoir rencontré le livre dont le titre figure ci-dessus.

             Vendredi dernier je suis allée à Paris, et incidemment j'ai poussé la porte de la librairie Almora, avenue Gambetta, non loin du cimetière du Père Lachaise. Je ne savais pas qu'en y feuilletant quelques ouvrages, je tomberais en arrêt devant ce récit captivant d'une initiation offerte par Vijayananda, le plus proche disciple de la grande sainte de l'Inde contemporaine, Ma Anandamayi ; français né à Metz dans une famille de confession juive puis médecin à Marseille, il avait tout quitté à l'âge de 36 ans pour partir méditer dans les Himalayas et s'installer définitivement en Inde - et était enterré précisément au Père Lachaise, sous un portrait de MA dont il avait toujours développé l'enseignement (voir les photos au bas du lien donné précédemment). 

    Le Souffle du Maître
    (
    cliquez sur l'image pour accéder à la présentation de l'ouvrage)

     

          Blanche de Richemont y décrit de l'intérieur son bouleversement lorsque, ne parvenant pas à accepter le suicide de son frère, elle est invitée par sa tante à se rendre en Inde auprès de cet homme émouvant par sa simplicité et sa puissance, qui la transformera totalement. 

           Plusieurs séjours en Inde nous permettent d'en saisir l'atmosphère et de l'y suivre au quotidien, tandis qu'elle nous montre que, désireuse au départ de faire un peu de "tourisme", elle s'est trouvée très vite absorbée avec force par l'amour pénétrant de cet homme au point de ne rêver que d'y retourner, puis de vivre une période où des vertiges constants lui interdisaient le moindre mouvement... Effet de la "shaktipat", comme le lui expliqua sa tante, attachée depuis longtemps à Vijayananda (qui avait alors 94 ans, tandis que cette femme en avait environ 55 et Blanche la trentaine) : il s'agissait en effet d'une puissante énergie spirituelle qui, communiquée uniquement par les regards, quelques pressions de main, les paroles douces et rares et la présence de l'ascète, prenait peu à peu possession du corps de la jeune femme.

          Ce livre, émaillé de citations constantes de Ma, a pour but d'être une aide pour la vie au quotidien, contrairement à ce que l'on pourrait imaginer : en effet l'enseignement de Ma n'est que simplicité, retour à la simplicité et surtout, à la JOIE.

         N'est-ce pas le nom qu'elle porte (et son disciple aussi en terme du sien) : "Ananda", félicité ?

           Leur enseignement vise à découvrir la Joie qui gît au tréfonds de notre être et ne demande qu'à s'exprimer en permanence, pour peu que nous sachions élaguer les constructions éprouvantes du mental.

           En cherchant des liens, j'ai retrouvé à l'instant cette vidéo présentant Vijayananda (décédé en 2010 dans sa 96e année); mais il en existe d'autres, ainsi que de Ma Anandamayi qui est décédée en 1982.

            Elle vaut vraiment d'être visionnée car on y découvre l'extraordinaire douceur et simplicité de cet homme, et on y apprend pourquoi un "Maître" est nécessaire, ce que recouvre exactement ce terme, ce que signifie être disciple (ou presque... C'est Arnaud Desjardins qui le dit), et surtout, ce qu'est la Foi, la véritable Foi. Pour avoir la Foi, dit Vijayananda, il faut avoir connu le doute ! C'est le sens, je crois, de ce qui est arrivé aux disciples de Jésus qui, désemparés de le voir mis à mort et enlevé à leurs yeux, ont peu après "reçu l'Esprit Saint"... En fait, ils avaient tout simplement traversé le doute ; et c'est à partir de ce moment qu'ils eurent vraiment la FOI.

     

     

     

     

     


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            Aujourd'hui, comme Ariaga, je ne sais plus écrire... Je préfère laisser ce soin à d'autres, surtout lorsqu'un musicien-poète a su tant magnifier leur inspiration.

         Pourquoi un tel texte dans "Émerveillement" ? Parce que l'on s'émerveille de tout, de tout ce qui vit, de tout ce qui est beau, même de l'Amour qui brise le cœur et en fait une coupe d'où s'épanche le parfum de l'Éternité. Car si Jésus n'était pas mort sur la croix de l'espace-temps, il ne serait pas ressuscité dans la splendeur éternelle.

          L'accès à la Joie infinie traverse le sanglot.

     


     

    Sanglots
    de Guillaume Apollinaire, mis en musique pas Francis Poulenc



         Notre amour est réglé par les calmes étoiles
         Or nous savons qu'en nous beaucoup d'hommes respirent
         Qui vinrent de très loin et sont un sous nos fronts
    C'est la chanson des rêveurs
    Qui s'étaient arraché le cœur
    Et le portaient dans la main droite
         Souviens-t'en cher orgueil de tous ces souvenirs


         Des marins qui chantaient comme des conquérants
         Des gouffres de Thulé des tendres cieux d'Ophir
         Des malades maudits de ceux qui fuient leur ombre
         Et du retour joyeux des heureux émigrants


    De ce cœur il coulait du sang
    Et le rêveur allait pensant
    À sa blessure délicate
         Tu ne briseras pas la chaîne de ces causes

    Et douloureuse et nous disait
         Qui sont les effets d'autres causes

    Mon pauvre cœur mon cœur brisé
    Pareil au cœur de tous les hommes
         Voici voici nos mains que la vie fit esclaves
    Est mort d'amour ou c'est tout comme
    Est mort d'amour et le voici          Ainsi vont toutes choses
    Arrachez donc le vôtre aussi

         Et rien ne sera libre jusqu'à la fin des temps
         Laissons tout aux morts
         Et cachons nos sanglots

     

     


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           Dans "Correspondances", Baudelaire se fait initié, et je ne me lasse pas du premier quatrain de ce sonnet.
     

    La Nature est un temple où de vivants piliers
    Laissent parfois sortir de confuses paroles;
    L’homme y passe à travers des forêts de symboles
    Qui l’observent avec des regards familiers.

     

         Il me semble que là tout est dit - peut-être en souvenir de la fin du second Faust de Goethe qui proclamait :

    Tout ce qui passe
    N'est que symbole.

     

    En effet, la Nature est le Temple de l'Esprit.

    Tout ce qui vit est un élément de ce Temple.

    Notre mental ne peut percevoir clairement la Parole que l'Esprit nous adresse, en tant que Ses Enfants.

    C'est souvent sous l'aspect symbolique qu'il comprend le mieux cette Parole.

    Et si l'Homme observe réellement cette Parole ou ce symbole, il se découvre lui-même dans un vivant miroir... d'où ce "regard familier".

     

     


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    Rûmî- Odes mystiques

     

             J'ai repris les Odes Mystiques de Rûmî (coll. Points-Sagesses) dont j'avais suspendu la lecture en milieu de livre, et là, je ne trouve plus que des joyaux !

              Je ne puis que les lire et relire... 

           Je vous propose de découvrir avec moi la 326e - selon le classement opéré dans le livre cité. J'y ai ajouté quelques notes (le plus légèrement possible, avec juste une astérisque) mais souvent, si les propos de Rûmî nous paraissent un peu obscurs, il suffit juste de se laisser porter par eux, par le souffle qui les anime, et l'on comprend. 

              Cette Ode rappelle que les multiples désirs mondains doivent être délaissés pour l'unique désir du Divin, car Celui-ci donne sans compter à ceux qui se détournent du monde pour aller vers Lui, tout en demeurant pourtant le Créateur inconditionnel de tout ce qui est, que ce soit plaisant ("la couronne") ou déplaisant ("les entraves"), mondain ("ceux qui paissent") ou non ("ceux qui volent"), débutant ("le raisin vert") ou confirmé ("le vin"), misérable ("l'épine") ou épanoui ("la fleur")...

               La puissance d'amour exprimée par Rûmî entraîne et comble le cœur du lecteur il me semble, qu'il y adhère ou non. Et vous, qu'en pensez-vous ?...

              Mais écoutons plutôt le poète.

     

     

    Donne-moi l'extase et donne-moi l'émerveillement, ô Toi mon Créateur au-delà de l'extase !

    Donne naissance à Leylâ et fais mourir Madjnûn*, ô Artisan sans outils !

    Cent désirs divers dans le cœur de Leylâ et de Madjnûn

    Crient devant Toi : « ô Toi, Donateur sans besoins ».

    L'anneau du désir est le sceau de Salomon* ;

    Il est en gage chez toi, ne cesse pas de le porter.

    Le mois du repentir est passé, un nouveau mois est arrivé

    Qui brise et détruit cent repentirs en un seul instant.

    Que celui qui ignore le vertige pour Lui connaisse le vertige !

    Combien est stupide le cœur qui n'a pas vu ses intentions frustrées !

    Nous sommes devenus ici boiteux. Ferme la porte de la maison.

    Ceux qui paissent et ceux qui volent, tous boitent devant Son seuil.

    Ô amour ! Tu es l'âme universelle, tu es la couronne et les entraves à la fois,

    Tu es l'appel du Prophète et aussi le manque de foi de la communauté.

    Tu nous as créés avec un cœur assoiffé,

    Tu nous as attachés à la source de cette joie.

    Mon épine pour toi s'est transformée en fleur, mes parcelles sont devenues le tout ;

    Contemple le tout dans la parcelle, c'est là ce qui convient.

    Contemple dans le raisin vert le vin, et dans le néant l'existant ;

    Ô Joseph* ! contemple dans le puits la souveraineté et le royaume.

    Une épine sans fleur n'occupe point la place d'honneur dans la prairie ;

    Comment l'être fait du limon de la terre obtiendrait-il la vie sans le souffle divin ?

    Bats des mains et sache que chaque son s'origine dans l'ivresse de ce Vin,

    Car si tu bats des mains, il y a là aussi union et séparation.

    Garde le silence ; le printemps est venu, la rose est venue, et l'épine aussi ;

    Les beautés sont apparues de l'invisible pour t'inviter. 


    Rûmî, Odes mystiques - traduites du persan
    par Eva de Vitray-Meyerovitch et Mohammad Mokri

     

    *(1)  Leylâ : représente l'amour mystique parfait pour lequel Madjnûn (mot qui signifie "fou") ira jusqu'à mourir, sans se soucier de la personne réelle qui vécut sa vie tranquille (voir ici).

    *(2) Sceau de Salomon : objet magique offrant puissance sur les choses (voir ici).

    *(3) Joseph : personnage biblique très populaire dans la tradition islamique, qui représente l'élu de Dieu rejeté par les siens puis accédant à la Royauté après une transformation complète (voir ici) ; cette image rappelle vivement pour nous Jésus.

     

     


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             Pour clore cette rétrospective de ma semaine de retraite silencieuse, voici le poème que j'ai dédié au lieu et à ses habitants.

           Il reflète ce que j'y ai ressenti, avec bien sûr la chance d'y avoir séjourné au mois de mai.

          "Dechen Chöling" est le nom donné à ce domaine acheté en 1994 (voir aussi cette page) et signifie "Lieu du Dharma de Grande Félicité" .

     

     

    Profusion de fleurs
    de chants d’oiseaux

     

    Arbres immenses
    aux troncs puissants
    couverts de lierre

     

    Vallons profonds
    aux petits lacs
    où jasent les grenouilles

      

    Chemins pentus
    entre les prés herbus
    où paissent des chevaux
    et des vaches

     

     Le ciel grandiose
    aux nuages pressés
    qu’éblouit le soleil

      

    Et tout dedans
    ce Cœur ouvert
    cette gentillesse
    cette chaleur

     

    Un nid d’amour
    où reposer enfin
    dans le creux du moment

     

    Un nid de paix
    où se couler enfin
    dans la joie de la Vie

      

    Dans la Vie pleine
    totale et immédiate

     

     Et s’y abandonner
    comme l’oiseau
    qui plane
    haut
    très haut
    dans le ciel

     

      

    Dechen Chöling

     

     


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