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              Il m'est arrivé hier soir une curieuse aventure.

              En me couchant, comme à mon habitude, sur le côté, j'ai entendu résonner mon cœur comme si j'entendais un ressort, une corde grave pincée - comment dire ? Je n'arrive pas à trouver le mot qui correspond - dans une chambre d'échos.

             J'avais déjà entendu mon cœur taper, cela oui. Taper comme un tambour et cogner dans la poitrine, on connaît, notamment lorsqu'on a couru vite, ou lorsqu'on est angoissé, que l'on fait un épisode de tachycardie. Parfois cela tire, on sent la pulsation sous la main, mais c'est ressenti de l'extérieur, on en est en quelque sorte témoin.

            Alors que là, rien à voir : un son surgi du néant intérieur, accompagné d'une sensation interne certifiant que cela venait bien du creux de la poitrine, et cet écho régulier "diong, diong, diong, diong" résultant manifestement d'une tension qui se relâche, permanente, permanente et sonore. Et autour : la respiration ... Un grand mouvement d'air qui s'épand autour puis qui ressort...

             Fascinée, j'ai eu soudain très peur des pensées qui me venaient : depuis quand est-ce que cela battait comme ça ? Et pour combien de temps encore ?? Et qu'est-ce qui gouvernait ce battement ? Comment était-il apparu ? Comment était-il maintenu ? Comment ne cessait-il pas ? Et qu'est-ce qui faisait entrer l'air puis ressortir ? Et comment tout cela pouvait-il fonctionner ensemble ? Quel était le rapport entre cet espace aérien sans cesse renouvelé, ce magnifique gong qui résonne, et mon existence, ma conscience, ma perception ?

            Subitement, j'ai compris combien il était plus confortable de l'oublier, de ne plus l'entendre ! Je me suis souvenue des vers de P.J. Toulet :

    La  nuit, quand tu as peur,
    N'écoute pas battre ton cœur :
    C'est une étrange peine...


           Seulement là, ce n'était pas le cœur qui tapait parce que j'avais peur, c'était l'inverse : j'avais peur parce que je l'entendais rebondir comme une balle en caoutchouc, chantant sa musique élastique sans relâche, et je me demandais comment il faisait pour continuer, comment il faisait pour n'être jamais fatigué !

            Je me suis retournée, mais de l'autre côté c'était pareil : cette pulsation régulière, qu'on aime à contrôler en se prenant le pouls, mais qui là était carrément entendue de l'intérieur comme une musique, et qu'il aurait été tellement plus simple de ne pas entendre, car de quel travail incessant on devient le témoin ! Ne sommes-nous donc, en tant que corps, qu'une sorte de pile qu'un magicien inconnu a remontée, et qui va se dérouler ainsi tout le temps qui lui est imparti jusqu'à irrémédiablement s'a-rrê-ter ?

            Cette sonorité quasi métallique était si belle à entendre que l'effroi me saisit également devant la magnificence de la Vie. Nous la considérons comme acquise, nous la brûlons par les deux bouts sans vergogne, tout simplement parce que nous sommes inconscients, aveugles et sourds à son mystère immense... Et nous profitons à gogo de tout ce qui nous est offert, le Cosmos et la Nature étant parfaitement identiques dans leur aspect miraculeux à notre corps si prodigieux.

            Qui a fait tout cela ? 

         Dans l'ignorance et la stupeur, nous disons : "Dieu". Et j'avoue qu'après des années de recherches, d'innombrables intuitions et parfois de réelles convictions, après avoir applaudi mille lectures qui me paraissaient lumineusement justes, je ne sais toujours pas ce que l'on veut dire par là... À part que c'est infini et que cela nous dépasse infiniment...

     


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               Qui n'a pas été touché par la béante blessure de notre Mère à tous ?

                N'a-t-elle pas montré qu'elle pleurait pour nous, qu'elle souffrait pour nous, qu'elle s'offrait pour nous ?

     

    Le cœur brûlant

     

     
       Ce brasier en forme de croix, qu'un prêtre a associé à la mort de Jésus le vendredi saint, c'est vraiment l'image de l'immolation, de la dissolution du soi apparent en la Grande Unité de l'Amour.

            Et Elle l'a obtenue ! Le monde entier est bouleversé.

             Puisse ce sacrifice nous réunir de nouveau, nous aider à dépasser nos dissensions, nous aider à mieux nous comprendre.

     

              Je lui ai par le passé consacré deux articles, sur mon autre blog.

               Ici, un poème (un hommage en acrostiche).

               Et là, je décrivais mon passage devant elle un samedi soir et je vais rediffuser la vidéo qui termine l'article : le son de ses cloches.

     

     

     


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  •        Quelle chance ont les anglais de pouvoir lire de si beaux textes de Rumî, ou de Hafiz, que malgré de nombreuses publications on ne trouve pas en français ! 

        Il semblerait que la mystique soit beaucoup mieux acceptée en pays anglophone, car nos propres publications de ces auteurs contiennent des textes majoritairement plus "intellectuels" et convenus dans leur style, comme si pour nous français ne  comptait que l'aspect culturel...

          Aussi je rends grâce aux personnes qui nous traduisent verbalement tous les textes lus par Mooji ou par ceux de son entourage, comme c'est le cas pour ce magnifique poème de Rumî, qui lui avait été déclamé en persan sur fond musical par Sri Devi Meera le 2 mars dernier à Rishikesh (voir ici la vidéo).

     

    «   Bien-Aimé,
    Mon âme fusionnant magiquement dans ton âme

    Et grandissant dans le jardin de mon être,
    La flamme de ta torche brûle en moi. 
    Tu es la lumière de ma vision :
    J’ai volé jusqu’au 7ème ciel,
    J’ai passé le 7ème océan
    Juste grâce à un baiser à mon âme errante.
    Au moment où tu as pris ma main,
    Croyance et non croyance sont devenues mes esclaves.
    La gloire de ton visage est devenue mon sauveur.
    Par ta grâce je suis le Soi.
    Ton être qui était caché en moi
    A été désormais révélé.
    Les roses explosent en voyant ta beauté. 
    Le narcisse s’est enivré
    En te regardant dans les yeux.
    Mon amour, en une seconde,
    Tu m’emmènes au feu sacré
    Et à un autre moment, à la fraîcheur de ton cœur
    Tu m’emmènes à ton cœur (ou ta lumière) ultime,
    Pour que je sois établi dans cette vision.
    Tu es l’âme de l’existence.
    Tu es la Présence avant la présence même.
    Tu es avant la création même.
    Comme le monde n’est pas ma maison,
    Il n’y a pas de peur de quitter ce corps.
    Donc, comme ce monde n’est pas ma maison,
    Il n’y a pas de peur de quitter ce corps,
    Il n’y a pas de désir même d’être au paradis.
    Mon seul désir est de me fondre en toi.
    Mon seul désir est de me fusionner avec toi, mon amour.
    Tu es la lumière de ma vision. »


        J'offre ce texte à un ami qui vient accidentellement de quitter son corps, afin qu'il trouve la voie vers la Lumière Parfaite.

     

     


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            Comment accéder à la compréhension ?

            En répétant "Je suis" ? Ou bien "qui suis-je " ? Cafouillage assuré.

          Bien sûr on fait ce que l'on peut, et les méthodes ont toutes leur raison d'être et leur pouvoir ; leur temps et leur utilité. Pour moi cela n'a rien donné. 

         Affirmer "Je ne suis pas cela", ne m'a jamais aidée non plus : en effet, quand des flots d’événements perturbateurs surviennent, on est entraîné quoi que l'on fasse ou quoi que l'on affirme.

          Se demander "Qui perçoit ceci ? " est fort limité, et conduit en définitive à une position qui ne s'avère pas la bonne.

            Voici donc ce qui m'est venu hier : désigner le coupable. Autrement dit : rendre au mental ce qui est au mental

            Démonstration (je ne prétends rien enseigner, je note simplement une méthode que je vais tenter de suivre). 

     

    Qui s'émeut devant les fleurs du cerisier ? - Le mental.

    Qui savoure la chaleur du soleil ? - Le mental.

    Qui promène le chien ? - Le mental.

    Qui parle avec le voisin ? - Le mental.

    Qui écrit sur l'ordinateur ? - Le mental.

    Qui est déprimé à l'idée de tout ce qui reste à faire ? - Le mental.

    Qui est stressé par la circulation routière ? - Le mental.

    Qui fait la cuisine ? - Le mental.

    Qui déjeune ? - Le mental.

    Qui s'endort et rêve ? - Le mental.

    Qui se réveille et découvre un nouveau jour ? - Le mental.

    Qui s'inquiète du temps qui passe ? - Le mental.

    Qui ressent de l'angoisse, de la colère ? - Le mental.

    Qui lit un livre, écoute de la musique, est transporté ? - Le mental.

    Qui pique une crise parce que tout est trop difficile ? - Le mental. 

    Qui critique les infos à la télé ? - Le mental.

    Qui s'égare dans ses pensées ? - Le mental.

    Qui se réjouit de faire le jardin ? - Le mental.

    Qui récite un mantra ? - Le mental.

    Qui pratique la pleine conscience, ressentant profondément toutes choses présentes ? - Le mental.

    Qui pratique la méditation vipassana, s'efforçant d'observer tranquillement les pensées ? - Le mental.

    Qui pratique la méditation guidée, le rêve éveillé ? - Le mental.

    Qui suit des thérapies pour se débarrasser d'émotions pénibles ? - Le mental.

    Qui ressent de l'amour pour les êtres, les choses, Dieu ? - Le mental.

    Qui ressent de la gratitude quand un bonheur survient ? - Le mental.

    Qui se jure qu'il parviendra un jour à un résultat ? - Le mental.

    Qui pleure de voir ses projets tomber à l'eau ? - Le mental.

    Qui est fier de ses réussites, affecté par ses échecs ? - Le mental.

    Qui crée, compose, dessine, publie ? - Le mental.

    Qui dit "JE" ? - Le mental.

    Qui perçoit ? Qui dit "Qui suis-je" ? - Le mental.

    Qui s'émerveille ?... - Le mental.

     

    Charmant mental, adorable mental, il est toute notre vie, il est notre costume ; sans lui : rien.

    Mais c'est un costume vide.

    C'est un décor, pour une merveilleuse mise en scène !

    On peut le remercier, l'adorer, le chérir - sauf quand il nous impose souffrance et meurtrissures.

    Or lorsque nous dormons profondément, il disparaît. Plus de monde, plus de "je". Et c'est ce dont nous avons le plus besoin : de ce sommeil "réparateur" ! Mais réparateur de quoi ?...  

    L'erreur est de vouloir rapporter ces choses au corps. "Corps" ne veut rien dire, sinon un amas de chair, une forme périssable. C'est la vie qui l'anime qui compte, et cette vie n'est perceptible que grâce au mental. C'est donc lui qui doit être "reposé".


    Voici donc ma nouvelle méthode : à chaque instant, dans toute situation, reconnaître que c'est le mental qui agit, qui ressent.

    Que ce n'est pas moi

    "Moi"... un terme dénué de sens pour désigner ce qui en nous n'a pas de nom, mais est situé au-delà de tout ce que l'on peut désigner.

    "Moi" : le Royaume de l'Être qui ne peut être connu qu'en se détachant de tout ce qui appartient au mental, patiemment, posément, avec tout le respect dû à ce parfait petit serviteur.

     

     

    Hanuman, le mental serviteur

     


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    L'émerveillement,

    C'est quand une compréhension se fait.

    On aime comprendre. Pourquoi ?

    Parce que c'est comme une porte qui s'ouvre dans les brumes du mental,

    Comme un grand espace de liberté qui permet enfin de respirer.

     

    Le mental a peut-être cheminé,

    Laborieusement, longuement ;

    Il a fait son travail de mûrissement

    Et comme une femme qui accouche, soudain,

    Au moment où l'on s'y attend le moins,

    Il offre le bébé !

     

    Le mental, c'est comme un arc-en-ciel ;

    Il rend visible l'invisible, en le parant de mille couleurs différentes.

    Mais il n'est qu'un outil, et pour savoir qui l'on est vraiment

    Il faut traverser l'arc-en-ciel, traverser les mille couleurs

    Pour enfin parvenir à l'improbable position où il n'y en a plus :

    Au-delà de l'arc-en-ciel.

     

    Par mille voies j'ai cheminé

    En quête de Vérité sur moi-même,

    Pour parvenir au sommet de la montagne,

    Là où tous les chemins s'arrêtent.

     

    Comprendre,

    C'est parvenir à ce point où l'on embrasse le tout, 

    Où subitement toute question s'évanouit 

    Et où l'on se sent si vaste

    Que tout le foisonnement des choses paraît insignifiant. 

     

     

     

     


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