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         Voici pourquoi j'insistais sur la pénitence évoquée par Sœur Emmanuelle.

          Ces paroles de chrétienne résonnent comme celles de Mooji, qui enseigne dans le cadre de l'Advaïta Vedanta. Je relève aujourd'hui cet extrait d'un satsang donné le 9 mars à Rishikesh, en Inde et cité par Marie-Dominique Monferrand. Lors d'un satsang, des personnes viennent questionner le maître ; c'est le cas de "l'amie" rencontrée ici. La 1ère ligne est le titre de l'extrait, Mooji ne veut plus avoir affaire au "mental" des personnes qui l'approchent) :

     

    « Je ne vous ai jamais parlé comme ceci avant. »

    ...
    Mooji
    « OK, prenons votre pouls à présent. Qu'est-ce que ça donne ? 
    Il y a pas mal de docteurs ici, alors qu'est-ce que ça donne maintenant ? 
    Ce patient n'est pas admis ici. Ce patient n'est pas admis ici.
    Nous ne prenons que les morts aujourd’hui ».(rires)

    Amie : « encéphalogramme plat » !(rires)

    Mooji : « Mais vous savez, je ne plaisante pas !

    Je suis totalement en train d'essayer de répondre à votre demande apparente. 
    Rien de ce que vous direz ne va vous aider en ce moment. 
    La réalisation du Soi ne va pas s'exprimer par votre bouche aujourd’hui. Aucune identité ne l’obtiendra.

    Je vous ai donné un indice : 
    zéro, 
    au-delà du concept de zéro, 
    et au-delà du symbole de zéro, 
    et personne pour être zéro, OK ?

    Personne pour être zéro. Ça ne marchera pas.
    Des efforts ? (Il fait non de la tête)
    Vous devez travailler avec moi, ne bataillez pas avec moi là-dessus. 
    C’est un vrai satsang. 
    Je ne suis pas d’humeur à expliquer quoi que ce soit. 
    Voyons si, sans rien expliquer du tout, vous allez reconnaître votre Soi...
    et il ne s'agit pas d'une chose en reconnaissant une autre. 
    Cela ne marchera pas aujourd’hui. Cela n'a jamais marché (long silence)

    Parce que tout ce que le mental essaie et essaie encore : 
    "Mais comment faire, mais je peux... vous savez... si j’essaie ça, vous savez... OK. S'il vous plaît, dirigez-moi..."

    Et je dis : "Pof, pof, pof, pof, pof !" (il fait mine de renvoyer toutes les questions et requêtes d'un coup de raquette) 
    Je ne veux pas du tout parler avec lui aujourd'hui, j'en ai marre de lui maintenant. Je ne veux pas parler avec lui du tout. »
    ...
    « tout ce dont je parle avec vous est amour »

      

    Soeur Emmanuelle et Mooji

     


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           Mon amie Danaé (alias Michèle Bec) m'a offert deux très beaux livres de Sœur Emmanuelle, et ils me sont une merveilleuse nourriture pour l'âme.

          D'abord parce que quand on recherche la Vérité, rien n'est plus gratifiant que de de la retrouver identique quelle que soit la religion ou la civilisation envisagée. Après les bouddhistes, les soufis, les hindouistes, Sœur Emmanuelle - qui en plus de son engagement chrétien avait étudié la philosophie - ne dépare pas et son message est aussi profond et convaincant que le leur.

       Ensuite, parce que son style direct et tranché parle tout naturellement au cœur, sans détour. Voici pour le prouver quelques passages qui m'ont particulièrement frappée dans "J'ai 100 ans et je voudrais vous dire...".

    Soeur Emmanuelle

    Sur l'amour :

     «  Le véritable amour, solide, durable, est celui qui cherche le bonheur des autres en même temps que son propre bonheur.

         Il faut que l'on soit heureux ensemble, que nous soyons "en cordée" - c'est une expression que j'utilise souvent. Dieu nous a créés pour le bonheur. Et la vie devient passionnante quand on brise le cercle où l'on s'est parfois enfermé soi-même, afin d'aller vers l'autre. Alors, c'est une merveilleuse aventure. »

    Sur la mort :

      « La chair peut périr, l'esprit non. Il ne peut pas périr parce que ce n'est pas un objet matériel, une matière qui s'égrène, qui se casse ne morceaux. C'est ainsi que je raisonne, que je me raisonne quand la peur surgit parfois. (...)

          C'est passionnant de vivre ainsi, de rencontrer des obstacles, ceux que la raison raisonnante, la raison qui veut toujours tout savoir et tout expliquer, place sur votre chemin, fait surgir dans votre réflexion. Alors, hop ! on saute par-dessus les obstacles et on avance vers Dieu, vers l'éternité. (...)

            Pour moi, l'éternité consiste à s'enfoncer de plus  en plus dans un abîme d'amour, à y pénétrer chaque jour davantage ; et comme cet abîme d'amour est infini, l'éternité ne suffira pas pour l'explorer, pour baigner toujours davantage dans l'amour de Dieu. »


       Il faut dire qu'elle avait un sacré caractère, cette sœur Emmanuelle et que c'est avec cette force que l'on va loin (et que l'on entraîne à sa suite) !

        Or ce qui me frappe le plus est son témoignage de la nécessité à laquelle elle a été soumise, comme tous les aspirants rangés dans une voie de dépassement de soi, de l'apprentissage de l'humilité.

         Dans les couvents comme dans toute Voie dite "spirituelle" il existe une règle : celle de l'obéissance qui s'accompagne souvent de l'obligation de se taire.

      « Quand je suis arrivée en Suisse, encore au tout début de ma vie religieuse, la maîtresse des novices nous a dit qu'on ne donnait pas la Bible aux sœurs. J'ai objecté qu'à Bruxelles je la lisais déjà. Elle m'a répondu, vive : " Ma petite sœur, voulez-vous vous taire !" . Je me suis tue. Mais la Supérieure m'a prise à part et m'a sermonnée : " Vous avez osé contredire la maîtresse des novices devant toutes les novices ! Baissez les yeux ! Vous allez recevoir une pénitence. Vous allez faire un Chemin de Croix et à chaque station vous baiserez la terre en disant : " Je suis un zéro. Pardon, Seigneur." »


          Quelle puissance ! Devant les souffrances du Maître au cœur le plus compatissant qu'on ait jamais connu - Jésus - , reconnaître que l'on n'est rien du tout... moins que rien même : zéro.

          Un pauvre petit mental bavard face à l'immensité de l'Amour.

     


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    Si le mental est le serpent qui souffle la douleur, enchantons-le pour qu'il danse.

     

     

    Ô Toi qui demeures,

    Vois comme est belle la douleur.

     

     


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          Voici quelques extraits de ce joyau, - les enseignements d'un maître totalement accompli à son disciple, qui fut probablement écrit en Inde avant le VIIe siècle de notre ère -, dans la traduction de Jacques Vigne.

        Méditons-les.

         Le Maître (celui qui se nomme "Asthâvakrâ", c'est-à-dire "le frappé de huit infirmités") insiste ici sur l'inutilité des efforts, qui correspondent à une crispation du mental obsédé par la recherche de quelque chose. Or la Réalisation, non seulement n'est pas une chose et ne peut donc être obtenue, mais en plus est au-delà du mental et demande l'effacement de celui-ci.

       Ce qu'il appelle "le Brahman Suprême", c'est l'Absolu, le Soi le plus profond qui étant Un est tout, le manifesté comme le non manifesté. On peut aussi l'appeler "Dieu".

      « Les ignorants pratiquent tant et plus des exercices de concentration et de contrôle, par contre ceux qui ont l'esprit stable ne voient rien de particulier à faire, ils sont dans un état de sommeil éveillé et pourtant bien installés au niveau même du Soi.

        Que ce soit par les efforts ou par leur absence, l'ignorant ne peut obtenir le silence du mental. Par la simple certitude de la Réalité, le sage devient silencieux.

        Si l'ignorant n'atteint pas Brahman, c'est justement parce qu'il veut le devenir. Sans le vouloir aucunement, celui qui a l'esprit stable jouit de l'essence du Brahman Suprême.

         Où est la vision du Soi, pour celui qui ne s'appuie pas sur ce qu'on voit ordinairement ? Ceux qui ont l'esprit stable ne voient ni ceci ni cela séparément, ils ne voient que le Soi indestructible.

         Les ignorants sont pris de panique en voyant ce tigre que sont les objets des sens, et vont chercher refuge immédiatement à l'intérieur d'une grotte en espérant y trouver la concentration et le contrôle du mental.

         Par contre, ces mêmes objets des sens deviennent comme des éléphants qui se calment à la simple vue de ce lion qu'est l'être libéré des souvenirs du passé ; ils s'enfuient devant lui, et ceux qui ne peuvent le faire le servent en le flattant. 

         Celui qui a son mental bien en main et qui est libre du doute ne s'engage pas dans des exercices en vue de la Libération. Il vit heureux avec ce qui vient, qu'il regarde, qu'il écoute, qu'il touche, qu'il sente ou qu'il mange. »


    Asthâvakrâ Gîtâ, chapitre 18, extraits.



         Et comme le plus sûr chemin pour faire taire le mental est de chanter, danser et vivre dans la Joie, je ne résiste pas au plaisir de vous faire découvrir cet hymne à Ganesha (aussi nommé "Ganapati"), l'éléphant divin fils de Shiva qui est connu pour "vaincre tous les obstacles".

          Il a été composé par des disciples de Mooji (maître de l'advaïta vedanta lui-même disciple de HWL Poonja en descendance directe de Ramana Maharshi) et enregistré lors d'une récente retraite en Inde à Rishikesh.

     


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          Il est des textes qui vous frappent au cœur.

          Celui-ci n'aura jamais fini de m'éblouir.

     

    Profondément recueilli

    dans la crypte

    du dernier ciel

    le Poète s’évanouit

    dans la contemplation

    du Secret révélé


    Phène
    Feuillets apocryphes

     


         Les mots qui flamboient face au mental frappé de stupeur trouvent leur signification au fil du temps, le "sens" n'étant pas du domaine mental mais de l'ordre de la découverte intérieure ; ils dessinent un leurre dans lequel la pensée se laisse piéger tandis que la Vérité, libérée, se dévoile peu à peu ainsi qu'un œil qui s'ouvre.

     

     


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