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    En Finistère Sud. 

     

    Miracles

    Quelque part entre Esquibien et la Pointe du Raz 

     

    Miracles

     Entre la Réserve du Goulien et Pors Théolen

     

     

     


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    (Suite de l'article précédent)

     

           Que s'est-il passé ? Ce qu'on appelle "serpent" est une pensée insidieusement apparue devant l'arbre défendu, un désir : "Voyons ce qui se cache derrière cet interdit". Pensée légitime, de même qu'était légitime le désir de "l'Enfant Prodigue" de passer la porte du domaine paternel afin de voir ce qu'il pouvait y avoir ailleurs.

            C'est ainsi que débute le Voyage de l'Âme qui, se perdant, va ensuite se rechercher elle-même. Mais se perdant, elle expérimente la séparation et le drame du choix.

          En effet, ayant choisi de devenir comme Dieu (de même que l'Enfant Prodigue veut devenir comme son Père sans son Père...), Ève se découvre en fait comme une bête : nue et vouée à la souffrance. Autrement dit, vouloir mieux c'est s'exposer à récolter pire. Le jugement de "mieux" ou de "moins bien" (égal à la connaissance du Bien et du Mal) entraîne une perpétuelle insatisfaction ; toujours il y aura mieux, et toujours il manquera quelque chose.

          Mais au fait, qui est cette Ève qui apparaît à point nommé pour faire chuter l'humanité ?!! Là, je ne sais pas vous, mais depuis longtemps les femmes ont "senti l'arnaque" comme on dit ! Je vous rappelle que Dieu avait fait l'Homme masculin et féminin à la fois, et cette histoire de femme sortie d'une côte n'a rien de convaincant.

          En réalité, l'être humain est unique et semblable quel que soit le genre, et cette histoire de "c'est la femme qui..." résulte simplement du désir qu'a éprouvé Adam de rejeter la faute hors de lui. Avec le jugement, est apparue la séparation (dans le temps, dans l'espace), et donc un Autre, que l'on utilise couramment pour oublier sa propre responsabilité dans ce qui est, en réalité, notre propre reflet.

          Ève était à l'origine son reflet, juste destiné à lui rendre l'amour qu'il éprouvait dans la Félicité de l'Un.

     

     


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    Aujourd'hui je m'émerveille de ceci :
     

               Comment ce corps que je pense habiter, formé de milliards de cellules qui toutes ont leur rôle et leur mouvement propre et dont la vision au microscope pourrait aboutir à celle d'un immense espace vide où tournoient des atomes semblables à des galaxies, peut-il fonctionner alors que je ne contrôle de lui quasiment rien ?

             Des pensées surgissent sans que je puisse discerner d'où elles sont apparues, des mémoires s'enchaînent, des projets apparaissent, des émotions ou des désirs se font ressentir sans que j'aie la moindre prise sur ces objets mentaux. Comment puis-je alors me prétendre l'auteur de quelque idée que ce soit ?

              Tout ces univers que sont mon corps et mon mental sont les premiers prodiges qui soient à ma portée, les plus immédiats. Mais l'expérience prouve bientôt que le monde entier qui m'entoure leur est exactement semblable : une profusion de sphères tournoyant dans un espace vide avec leur fonction et leur direction propre, et autour de moi des courants d'idées, des événements, récits du passé, projets d'avenir, effets de masse ou mouvements telluriques dont tous sont parfaitement aléatoires.

              Or tout est sans cesse en mouvement, sauf moi qui perçois cela. Je suis comme l'habitant d'un jardin que je contemple avec le bonheur d'en être le simple observateur.

     

               Cela nous reconduit à cette proposition de la Genèse :

    Dieu a créé l'homme et l'a placé dans un jardin.

     
             Mais arrêtons-nous un instant sur un détail : il l'a créé dit-on, d'une part "à son image" et d'autre part, "homme et femme à la fois" (selon le premier récit, au livre 1). Cela signifie clairement qu'il n'y a pas de genre à ce niveau, et que tout comme le Principe ("Dieu") est en même temps masculin et féminin (Père et Mère), de même le moi profond de tout être humain n'a aucune appartenance à quelque sexe que ce soit. Ainsi quand je dis "homme", je veux dire "être humain" ; et le "je" profond que nous ressentons tous en nous est Esprit, de même nature que le Principe qui est à son origine.

             Poursuivons.

           Dieu recommande à l'homme de ne pas toucher au fruit de l'arbre de la Connaissance du Bien et du Mal. 

            Pourquoi cet arbre est-il là, tentateur ?

         Parce qu'en se projetant, l'Être tout-parfait et infini ne peut éviter que tous les possibles soient présents, même la possibilité de la perdition ! Et pourquoi se perdre, sinon pour avoir le bonheur de se retrouver ?

             Ceci nous évoque alors la Parabole du Fils Prodigue : celle dont le but ultime est de conter le bonheur indescriptible qu'il y a à se retrouver après s'être perdu...

     

                 Mais revenons à cet arbre. Que représente-t-il ? La connaissance du bien et du mal, c'est la vision de la séparation. C'est l'apparition d'un univers duel, clivé entre ce que l'on aime et ce que l'on n'aime pas, entre ce que l'on désire et ce que l'on rejette ; un univers détruit, brisé par le jugement. J'accepte ceci et je refuse cela, je préconise ceci et je condamne cela ; je choisis.

            C'est de là que naît la souffrance.

         Et c'est la fin du bonheur si merveilleux éprouvé dans l'Unité parfaite... Le Temps apparaît apportant le passé et le futur, images irréelles qui empêchent de demeurer présent à soi-même ; l'Espace apparaît avec ses distances infranchissables et ses formes toutes distinctes les unes des autres. Mais ne dit-on pas aussi que la Fin des Temps est accompagnée du "Jugement dernier" ? Autant dire que pour supprimer le temps, il faut aussi supprimer le jugement. Plus de clivage, et contrairement aux dires de certaines églises, plus d'enfer ni de paradis, plus de bon ni de mauvais, plus de naissance ni de mort... Seulement la Vie, la vraie !

              Car l'Homme, image ou projection de "Dieu" le Principe originel, n'est que Félicité dans la contemplation de ce qui est, tel que c'est, sans jugement ni clivage.

     

     


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    Aujourd'hui je m'émerveille de ceci :

     

          Comment peut-il y avoir, sur le ciel bleu pâle, une petite lune orangée coupée en deux et tout auréolée, tout embuée, comme couronnée ?

            Et comment peut-il y avoir un monde autour et quelqu'un pour la voir ?

            Et d'où vient le regard qui pense la contempler ?

           

     

          


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    L'Avadhûta

     

           Je ne me lasse pas de relire, par toutes petites gorgées, cette merveille qu'est l'Avadhûta Gîtâ, ici dans la traduction d'Alain Porte (que son adaptation en vers libres rend encore plus inspirante).

             Voici un passage du premier chapitre :

    En vérité c'est en toi, et par ce que tu es,
    que tu remplis totalement toute chose.
    Tu n'es ni celui qui médite, ni la méditation, ni la pensée.
    Comment méditer alors sans rougir ?


    Je ne connais pas la Béatitude, comment la dire ?
    Je ne connais pas la Béatitude, comme la partager ?
    Si je suis Béatitude, la Réalité ultime a comme propre forme
    D'être partout égale, et semblable à l'espace.


    Je ne suis pas la Réalité, la Réalité est partout égale,
    rien ne l'incite à prendre forme.
    Sans personne pour percevoir, sans rien à percevoir,
    Comment être son propre objet de connaissance ?

    Avadhûta Gîtâ I, 26-27-28

     

       Cette lecture plonge dans une profonde méditation ou, comment dire, dans un état de stupeur ou d'extase, par la répétition toujours plus intense d'expressions qui déroutent le mental et détruisent ses certitudes.

        Tout ce à quoi l'on s'accroche est progressivement soustrait pour laisser place à une sorte d'évidence qui frappe au cœur. C'est une forme d'incantation... En effet, comment dire ce qui ne peut être dit ? C'est la conclusion du second chapitre.

    Là où ni pensée ni parole ne peuvent se produire,
    Comment l'enseignement d'un maître est-il possible ?

    Avadhûta Gîtâ, II, 40

     

     

     


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