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La Vie

L’abbaye réhabilitée

En résidence d’artistes

Ses vastes jardins vallonnés

Aux arbres gigantesques

Sous lesquels poussent

Jonquilles et perce-neige

À distance du cloître

Au bout d’une imposante chapelle

Totalement disparue

Apparaît dans les frondaisons

La tombe du Seigneur des lieux

Gaucher de Passac

Et sa statue tronquée

On marche au bord de la rivière

Sur une berge pentue entièrement boisée

Des troncs penchent sur l’eau

Des blocs taillés bordent les rives

C’est une promenade délicieuse

Où sous les pieds d’un chêne

Jaillit une source

Abbaye de La Prée, Ségry, Indre 

La forêt

Revit

Baignée d’un chaud soleil

Sur la piste blonde

Mon vélo file

Entre les pinèdes aux troncs miellés

Et les buissons renaissant

D’une coupe gigantesque

Tout a changé

Rien ne ressemble

À autrefois

Les arbres rient au loin

Des rayons caressants

Et les souches coupées

Jouent à saute-mouton

Mon vélo slalome

Entre les trous gorgés d’eau

Puis soudain

Éblouissement

La piste rectiligne

Entre dans le soleil

Ciel radieux

D’azur sans tache

Soleil éclatant qui chauffe ma tempe

En face la petite lune

Délicate en quartier

Bruit paisible des voitures qui passent

Tranquilles

Plus d’oiseaux

Les mangeoires vides se balancent

Roucoulement lointain

Bourdon d’une abeille ou d’une guêpe

Coups sourds

Ronronnement léger de machines

Ça travaille quelque part

Et là-haut

Long trait blanc d’un avion de passage

Que très lentement

Petit à petit

Une brise élevée va peigner doucement

En feuille de dentelle

Quelques notes argentines

S’égrainent parfois

De l’éolyre

L’herbe inégale

Et dans l’ombre la mousse retournée

Par le bec du merle

Gorgées de café chaud

Le bonheur resplendit

Dans mon jardin

Coup de vent

Sur la branche

Le pigeon se balance