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    Vierge de Brion
    (image Google Street View)

     

       En route vers la Touraine, je passe à Brion et comme à chaque fois je rencontre la belle statue de la Vierge à l'Enfant qui trône au bord de la départementale 8 (et face à qui, fréquemment, se postent sournoisement les CRS qui contrôlent la vitesse...).

        Comme à chaque fois, je la salue et comme c'est le 15 août, je pénètre encore plus profondément dans son mystère...
         

    « Je vous salue, Marie,
    Pleine de Grâce,
    Le Seigneur est avec vous. »


         Par cette plénitude de Grâce divine, elle est Une avec le Seigneur. Et de même que dans le Moola Mantra il est dit que le "Parabrahman" (l'Absolu) est à la fois "Bhagavate" ("Béni" au masculin) et "Bhagavati" ("Bénie" au féminin), elle est l'expression féminine du Divin, la Grande Mère vénérée en Inde sous de multiples noms (Ma Amba).

         Il en est de même dans cette invocation :

    « Salve Regina,
    Mater misericordiae,
    Vita, dulcedo et spes nostra,
    Salve. » (1)


        Mais vient la suite pleine de puissance évocatrice.

    « Vous êtes bénie entre toutes les femmes
    et Jésus, le  fruit de vos entrailles, est béni. »


       Correspondant dans l'autre prière à :


    « Et Jesum, benedictum fructum ventris tui,
    Nobis post hoc exilium ostende. » (2)

     
      Laissons de côté le "Priez pour nous, pauvres pécheurs", correspondant au "ad te clamamus, exules filii Evae" (3), et voyons ce que peut être ce "fruit de tes entrailles" pour une "mère divine" ou aspect féminin de l'Absolu. 

         N'est-Il pas la Réalité de la Puissance Divine transparaissant à travers le voile de l'Illusion, exactement comme le "Joyau dans le Lotus" du divin mantra ?

       Ces prières à Dieu sous sa forme maternelle, ne nous offrent-elles pas la VISION pure de la Vérité cachée sous les formes apparentes de l'Univers manifesté ? "Jésus", directement engendré par "Dieu" est Sa pure projection pour nos regards mortels. 

         La "Mère", en d'autres termes, "Marie", est aussi Maya, forme apparente ; ce qu'elle recèle pour celui qui se prosterne à ses pieds est l'Illumination, la Puissance initiale de l'Être, que nous saurons reconnaître dès notre mort aux apparences, dès notre sortie de l'exil des sens.

      

     

    (1) "Salut, Reine, mère de compassion, notre vie, notre douceur et notre espoir, salut !"
    (2) "Et Jésus, le fruit béni de ton ventre, présente-le nous après cet exil."
    (3) " Nous crions vers toi, fils d'Ève en exil"

      


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     Échelle de Jacob
    (Image tirée du site)

     

         Comme notre mental discriminant aime à tout catégoriser, il adore l'image de l'échelle, qui montre une hiérarchie entre les êtres, les connaissances, les degrés d'évolution, les diverses qualités... Il met des hiérarchies partout : dans la société, dans les professions, les diplômes ou dans les degrés de difficulté, de douleur, de sensibilité ou d'intelligence.

         C'est ainsi qu'on en trouve aussi par rapport au domaine spirituel : il y aurait plusieurs échelons pour atteindre le ciel, et encore des échelons dans le ciel lui-même - qui correspondraient à une "hiérarchie" entre les différentes "puissances" célestes (Anges, Archanges, Chérubins, Séraphins, etc.).

            Pourtant quand nous naissons à ce monde, tout est parfait et indifférencié. Nous crions pour que nos besoins soient assouvis, et bientôt sommes partagés entre l'extase, qui correspond au bien-être découlant d'un besoin comblé, et l'exploration, qui est notre première manifestation d'autonomie.

           Ainsi naît le "chercheur spirituel"... 

         Il est l'explorateur (= l'enfant qui utilise son appareil locomoteur - lequel peut fort bien être transposé dans le domaine de la pensée) à la recherche d'extase (= la satisfaction d'un besoin fondamental - besoin qui s'avère être de faire de nouveau "UN" avec sa Source).

          Naissent ensuite des "Voies spirituelles" : religions, pratiques mystiques ou tous autres enseignements.

          Celles-ci utilisent très fréquemment la notion d'"échelle" : il y a les degrés dans l'initiation, et plus récemment la notion d'"Ascension" ou de "Maîtres ascensionnés", ce qui focalise l'attention vers une nécessité d'effort, et vers l'idée que cet effort peut être couronné d'une récompense, voire de gloire personnelle. Ce qui bien sûr stimule considérablement notre curiosité au niveau mental !

          Je suis un jour entrée comme cela dans une "voie initiatique", dans laquelle le franchissement du premier degré était particulièrement difficile à réaliser, ce qui ne pouvait que décourager le candidat par rapport aux suivants, résolument tenus secrets. Et j'ai l'impression que cette expérience, non seulement vaut pour toutes les autres voies, mais en plus présente la même résolution finale que n'importe quelle autre.

          En effet, comme on sait, c'est le premier pas le plus important : on apprend l'essentiel, c'est-à-dire à s'oublier soi-même, en se faisant petit, silencieux. On apprend à se mettre en retrait devant "plus grand que soi", devant ce qui nous "dépasse". En gravissant cet échelon, on se détache de soi-même, de sa partie la plus charnelle du moins.

          L'adage antique annonce :

    « Quand le disciple est prêt, le maître apparaît. »

         Le "disciple" (ou celui qui se prend pour tel) attend donc, accroché à sa petite échelle sur son petit barreau.

         Et lorsque le "Maître" (ou ce qu'il croit être celui-ci) apparaît, il frétille d'impatience à l'idée d'atteindre enfin le ciel, l'extase finale...! Il est radieux à l'idée d'être enfin remarqué, et pense toucher la "récompense" imaginée : l'entrée dans le monde des "grands" !

          Mais que fait le Maître ?

          D'un coup de serpe, il brise l'échelle.

          L'échelle disparaît, et l'aspirant redevenu plus misérable que jamais éprouve la pire des angoisses : la peur non seulement de n'arriver nulle part, mais en plus d'être brisé lui-même dans une terrible chute.

         Là, je ferai une parenthèse (comparative) pour ceux que le mot de "Maître" indispose.

          Quand vous avez appris à nager, il y avait bien un "maître nageur" ? Il baladait sous votre nez une perche trempée dans l'eau et tant que vous aviez vos petits flotteurs, vous nagiez derrière la perche avec confiance et application... Mais le jour où il enleva le dernier pain de mousse, quelle panique !! Et cette perche qui ne se laissait pas attraper... ! Moi ce jour là, j'avais désespérément coulé... Et le maître nageur n'était pas content : il disait que je le faisais exprès !

           Dans la voie spirituelle c'est pareil. Vous voilà juché sur l'échelle et hop ! Plus d'échelle !! Elle se casse et part en morceaux !

          Bien sûr vous pouvez toujours, comme Jacob, vous retrouver dans les bras d'un ange et vous battre avec... D'ailleurs c'est ce qui arrive le plus souvent : celui que l'on appelle "le Gardien du Seuil" est plus exactement la somme des peurs et des émotions cachées ou refoulées au fond de vous auxquelles vous devez subitement faire face. Accroché à ces restes de vous-même qui réclament toute votre attention vous devez les reconnaître (c'est pourquoi l'ange doit se nommer) et les accepter (cesser de vous battre contre elles). Mais lorsque vous les avez comprises et apaisées, que vous reste-t-il ?...

     

          ...  Alors il n'y a plus qu'à demeurer en suspension dans l'espace du Cœur, qui est comme un univers liquide ou aérien, totalement accueillant et porteur, moelleux et bienveillant, irradiant sa force et sa chaleur, comme la Source dont vous aviez la nostalgie et dans laquelle tout est Un, vivant et vibrant, se nourrissant soi-même dans une perpétuelle mouvance, et en parfaite communion avec tout ce qui vous entoure malgré l'apparente fabuleuse diversité et les constants échanges relationnels. 

     

    Tarot Zen - La Confiance

     


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            Les textes que l'on se remémore le mieux sont ceux qui ont été mis en musique, et bien davantage lorsqu'on les chante... C'est bien connu.

           C'est ainsi que j'ai pu découvrir et approfondir le psaume 130 (De Profundis) dont habituellement on ne connaît que les deux premiers versets, grâce à la superbe interprétation (voir ici) qu'en a donnée Lili Boulanger, mon inspiratrice de ces derniers mois, si puissante quoique disparue à l'âge de 24 ans dans les pires souffrances.     

           Ces versets, plusieurs fois répétés avec véhémence, m'ont particulièrement frappée, me suggérant un sens nouveau qui enrichit mon travail quotidien :


    Si tu prends garde aux péchés,
    Qui donc pourra tenir ? 

    (Texte utilisé par la compositrice -
    voir équivalence ici)

     

        Que sont les "péchés", sinon ces éléments émotionnels et mentaux dont à l'examen minutieux (lorsque l'on enquête suivant la méthode enseignée par Ramana Maharshi) on découvre qu'ils ne sont pas "nous" ? L'observateur en nous les rejette, les reléguant selon une formule connue de Jésus :


    Dehors, là où sont les pleurs et les grincements de dents.

    (Évangile de Matthieu)

     

         Formule qui montre bien qu'il s'agit d'émotions et de pensées sans valeur...

         Le verset dévoile alors toute sa profondeur cachée :

    « Si tu demeures attentive à tout ce qui n'est pas toi, quelle personnalité imaginaire pourra subsister ? »


       Comme lorsque l'on gomme les défauts d'un visage, ou lorsque le même Jésus calma les vagues démontées du lac de Tibériade, il ne peut plus alors demeurer que le Réel, c'est-à-dire

    l'Innommé,

    l'Indiscernable,

    l'Infini,

    Ce qui Est...


          


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    (Suite de l'article précédent)

     

         «Le Maître» vient à moi sous tous les déguisements possibles : il peut être déguisé en accident comme en bonheur subit, en dépense inattendue comme en agréable surprise. C'est une leçon d'accueil inconditionnel que de le voir en tout.

          Mais pourquoi vient-il à moi ainsi déguisé ? 

        En premier lieu, parce que si je ne voyais pas le déguisement, je ne le verrais pas lui. Sous le déguisement, il est caché.

       Il s'est d'abord caché sous les traits de tous les guides spirituels que j'ai cru rencontrer. Mais là c'est un leurre grossier : car l'identifier à un individu est la pire des bêtises ! Jésus disait bien, lui aussi, qu'il fallait prendre garde aux déguisements : 

    « Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites.»
        

         Cependant, et surtout, sous tous ces déguisements, il me parle.

         Il me regarde droit dans les yeux, au plus profond du Cœur, et me dit :


    - Pourquoi t'es-tu ainsi déguisée, toi-même ?


        Et je lui dis :

    - Seigneur, je ne m'en rends même pas compte... !

    - Lâche ce déguisement, et je lâche le mien. Arrête de jouer, et on arrête ensemble, répond-il.


        Le déguisement, ultime cuirasse, me permet de voir des formes en tout ; me multiplie en miroir.

        Voici ce que je lisais hier soir :
      

    «  Regardez en vous si vous n'êtes pas juste, pas réellement vrai, si vous faites de fausses politesses ou de vraies hypocrisies, si vous faites semblant, si vous n'êtes pas en accord profond avec vous-même, si vous faites de faux procès ou de faux pardons. (...) Cela suffit. »

    Charles Coutarel, Éveil 
    (éditions Aluna)

     
            Quel est mon déguisement ?

     

           Si je lâche ce déguisement ; et si le Maître en miroir lâche le sien, que reste-t-il ? ...


    Ni Maître

    Ni moi

     

     


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    « Peu importe ce qui survient ;
    Ce qui importe, c'est Qui tu es,
    Toi qui le perçois. »

    Mooji

     

    Amma accueille tous ceux qui viennent à elle, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent, quels que soient leur histoire ou leur problème...

    Elle leur ouvre ses bras et leur offre son amour, constamment, sans distinction, avec une infinie patience.

     *  *  *

     
        Ainsi dois-en permanence accueillir et embrasser tout ce qui se présente à moi, sans distinction, sans jugement, avec amour et infinie patience. Accueillir et aimer les événements, les personnes, les situations, les sentiments ou les pensées en tant que faisant partie de Ce qui est là ; c'est-à-dire de ma propre image : car ce que je perçois reflète ce que je suis profondément, seul mon mental habille les choses à sa convenance selon le prisme de mes conditionnements.

         La patience est le premier signe de l'Amour.

     
         Récemment j'évoquais cette question qui aurait pu, selon Eckhart Tolle, être posée à tout moment par le maître Rinzaï :

    « À cet instant précis, que manque-t-il ? »

        Après réflexion et application de l'exercice, je remarque qu'elle n'élude rien des possibilités de "manque" présentes dans l'esprit. Ce qui la fait tomber, ce n'est pas le travail de recherche ni les réponses trouvées, bien au contraire !

           Ce qu'il faut, c'est l'observer et découvrir qu'il ne s'agit que d'un concept : le "manque" est juste le contenu d'une pensée... D'ailleurs, "l'instant présent" également ! S'arrêter pour saisir un instant est déjà une opération mentale.

     
         Si comme le prescrit Mooji je demeure en tant que Cela qui perçoit, et si comme Amma j'embrasse et accueille avec amour tout ce qui se présente à cette perception sans distinction, alors j'accueille de la même façon la pensée du manque, la pensée de l'instant présent, et toutes ces pensées qui font partie de l'Être et sont simplement là, survenant puis disparaissant tour à tour... 

     

     


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