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    Plénitude

     

     

    Tout instant est plénitude

     

    Plénitude de beauté

    Plénitude de tristesse

    Plénitude de rencontre

    Plénitude de sensations

    Plénitude d'absence

    Plénitude de désir

    Plénitude de peur

    Plénitude de bonheur

    Plénitude de colère

    Plénitude de désespoir

    Plénitude de découverte

    Plénitude de rire

    Plénitude de partage

    Plénitude de bavardage

    Plénitude de larmes

    Plénitude de sommeil

    Plénitude d'images

    Plénitude de sons

    Plénitude de rêve

    Plénitude de création

    Plénitude de pensées

    Plénitude de mémoire

    Plénitude d'aspirations

    Plénitude d'amour

    Plénitude de recherches

    Plénitude d'échec

    Plénitude d'angoisse

    Plénitude de catastrophes

    Plénitude de vagabondages

    Plénitude d'actions

    Plénitude de stress

    Plénitude de douleur

    Plénitude de réflexion

    Plénitude de contemplation

     

    Et combien y a-t-il d'instants ?

    Y a-t-il un instant qui commence ?

    Un instant qui finit ?

    Où serait l'autre instant, si ce n'est contenu dans celui-ci sous forme de mémoire ?

    Donc il n'existe qu'un seul instant.

    Un instant infini.

    Infiniment mouvant et varié.

    Infiniment étiré, comme l'espace qui se poursuit toujours identique.

     

    Plénitude de l'infiniment mouvant.

    Plénitude de l'infiniment varié.

    Respiration.

    Plénitude de l'inspiration.

    Vacuité de l'expiration.

    Plénitude de l'être.

    Vacuité du non-être.

    Présence de l'être.

    Accueil du non-être.

    Sourire de l'éveil.

     

     

     

     


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           Cet après-midi, alors que comme bien d'autres ayant un jardin, je tondais ma pelouse, je me suis soudain souvenue de la phrase martelée dans le "Requiem Allemand" de Brahms, et qui est empruntée à l'apôtre Pierre - mais aussi à de nombreux textes de l'Ancien Testament dont celui-ci se faisait l'écho (voir ici) :

    « Denn alles Fleish es ist wie Gras » (« Car toute chair est comme l'herbe »)

        Et je me disais : que fais-tu, toi qui exécutes à grande échelle ces millions de brins, ces multiples fleurettes dont tu penses naïvement « cela va repousser » ? Et si c'étaient des vies, des vies humaines ?

          Ainsi, face à une pandémie qui, telle une guerre mondiale, décime les populations à grande échelle, on pourrait en prenant du recul et en s'appuyant sur une Foi véhiculée par toutes les religions et la plupart des sagesses, affirmer que si la chair périt, l'Esprit lui, demeure intouché et n'en souffre jamais, recréant à l'envi de nouveaux corps et de nouvelles personnalités.

            Mais comment ne pas trembler, ne pas s'épouvanter quand on a un proche qui s'expose au danger constamment - ou quand soi-même on risque de s'y exposer ? Oui, ces épreuves sont récurrentes dans la vie humaine, qu'il s'agisse de guerres, d'accidents ou de maladies incurables ; la peur est le fondement même de notre nature, dans sa fragilité...

          Et c'est pourquoi dans l'extrait évoqué de Brahms d'autres passages de la Bible sont cités pour remplacer cette peur de la créature par une confiance inébranlable en son Créateur (voir ici le texte complet de la 2e partie, avec Pierre, puis Jacques, puis de nouveau Pierre et enfin Isaïe, en allemand à gauche et en français à droite) :

    « Ceux que l'Éternel aura rachetés reviendront à Sion avec des chants de triomphe. Une joie éternelle ("ewige Freude") sera sur leur tête. » 

        Il faut un courage incommensurable pour dépasser la peur qui gît dans nos entrailles. Alors, comment font ceux qui cependant agissent et continuent coûte que coûte à aider ceux qui souffrent ? Nécessairement il y a quelque chose en eux qui les pousse ; quelque chose qu'ils n'identifient pas forcément mais qui les porte. On peut appeler cela "confiance", "solidarité", "combativité" ou encore "obéissance à un serment, à une vocation" : en fait il n'y a que l'Esprit qui souffle en nous, cet Esprit d'Amour qui dépasse toute chair et qui nous insuffle, même sans parfois que nous le percevions, cette certitude que nous sommes tous Un, et dans l'Amour, impérissables.

     

     

     


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             Les circonstances actuelles me rappellent invariablement cette magnifique Fable de notre Jean de La Fontaine : "Les animaux malades de la peste", heureusement pas avec les mêmes conclusions (enfin, j'espère !). En voici le début.

     

    « Un mal qui répand la terreur,
    Mal que le Ciel en sa fureur
    Inventa pour punir les crimes de la terre,
    La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom)
    Capable d'enrichir en un jour l'Achéron,
    Faisait aux animaux la guerre.
    Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés ... »

    (Voir ici)

     
          L'horreur dans la pensée du fabuliste consiste dans le fait que les victimes se cherchent un "bouc émissaire" (ici le pauvre "baudet", si doux et innocent...); mais il est vrai que si de notre côté nous cherchions activement le "patient zéro", c'était surtout pour savoir où et comment il avait attrapé le virus afin de pouvoir combattre celui-ci : il y a donc moins d'obscurantisme religieux dans notre conscience contemporaine.

            Cependant la terreur semble rester vraiment le point commun entre notre expérience du covid 19 et celle de ces animaux : quand je vois qu'ici, en plein cœur d'un Berry encore intouché par ces symptômes, les pharmacies sont déjà dévalisées de masques et de gel hydroalcoolique, les rayons des supermarchés vidés de leurs épices, et que bien des gens se reculent en refusant d'être embrassés ou de serrer des mains !

            Prudence, dit-on ; prévoyance... Bien sûr il y a des caractères particulièrement à l'affût de se protéger, d'élaborer des réserves : mais savent-ils si elles vont leur servir ? S'ils ne vont pas en priver d'autres ? Pire : le gel hydroalcoolique mis à la disposition des patients se présentant aux urgences hier matin a été aussitôt volé ! Pour servir à qui ? Alors que s'il était nécessaire quelque part, c'était certainement aux urgences !

            C'est là que nous découvrons la sottise du mental humain. Le mental est un singe qui imite, mais toujours à contretemps. Il voit un problème arriver à quelqu'un, il se précipite pour s'en protéger : mais c'est trop tard ! Ce qui est arrivé à l'autre ne lui arrivera jamais. Comment pouvons-nous prétendre diriger notre vie mieux que Dieu ? (Ou "la Vie", comme vous voudrez l'appeler). Rien ne peut empêcher la Vie de vous offrir les épreuves qu'elle souhaite. Si vous réchappez d'une guerre, d'un accident ou d'une épidémie, c'est que vous deviez en réchapper. Mais si vous devez être frappé, aucune de vos petites combines ne pourra l'empêcher. Avez-vous programmé votre naissance ? Vos parents ? Certains se plaisent à l'imaginer ; mais dans ce cas, ils se haussent au-dessus de cette existence et se croient déjà au-delà de la mort. Cependant, en tant que créatures, nous n'avons d'action sur aucune des circonstances de notre existence, et encore moins sur notre mort. Nous nous soignons, faisons de notre mieux, par la Grâce de Celui (Dieu, ou Celle, La Vie) qui nous porte.

          Mais nous sommes portés. Nous sommes comme des nourrissons, comme des feuilles mortes sur l'eau : portés, conduits. Rien de plus. Alors soyons méfiants, armons-nous jusqu'aux dents : ce ne sera qu'un jeu, peut-être une cuirasse que la Vie elle-même nous aura suggéré d'endosser, qui sait ? Mais ne soyons sûrs de rien, ne soyons terrifiés par rien : tout arrive par volonté propre indépendamment de nous.

           Lorsque, comme le recommande Ramana Maharshi, nous acceptons de "lâcher nos bagages" et de nous asseoir paisiblement pour laisser aller le train jusqu'à sa destination ignorée de nous, alors vient la Joie, le bonheur d'être là, d'exister, de goûter cette vie si fabuleuse... Jésus disait de même :

    « La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? Regardez les oiseaux du ciel : ils ne sèment ni ne moissonnent ni ne recueillent en des greniers, et votre Père céleste les nourrit ! (...) Observez les lis des champs, comme ils poussent : ils ne peinent ni ne filent. Or je vous dis que Salomon lui-même, dans toute sa gloire, n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. »

    (Évangile de Matthieu, chap.6, 25-29)

     

      

    Lotus

     

     


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         Hier, nous fêtions la Conversion de Saint Paul. Evènement qui touchait mon cœur très profondément.

         Aussi étais-je particulièrement à l'écoute, lorsque comme chaque jour où le temps le permet, je m'installai pour méditer sur un siège abrité de mon jardin, les yeux ouverts sur la beauté des choses... En effet, si j'ai longtemps médité les yeux fermés je m'en garde bien aujourd'hui, pour avoir trop pris l'habitude d'utiliser des pensées afin de forcer mon mental dans certaines directions : j'en ai retiré une grande défiance envers les domaines entrevus, les considérant souvent comme des rêves. Le rêve éveillé accompagné de musiques inspirantes m'a notamment souvent égarée.

         Je conservais donc les yeux ouverts, et me disais :

    « Tu mets des formes et des noms sur ce qui est... alors qu'il n'y a que Lui. »

         "Je me disais" est une formule pour des pensées qui passent : en fait ce serait plutôt "ça disait".

              Alors me revint le récit de la conversion de Paul (qui se nommait alors "Saül").

             On dit qu'en route vers Damas il tomba de son cheval (on peut comprendre qu'il sortit de son corps, que son âme s'arracha momentanément au monde matériel) et qu'il fut aveuglé par une grande lumière au point de ne plus rien voir durant plusieurs jours.

             "Ne plus rien voir" c'est ne plus voir le monde des formes et des noms ! Mais la "grande lumière", elle, était bien présente, et c'était ce que j'appelle "Lui", l'Essence radieuse de toutes choses et qu'il a identifié comme étant Jésus.

            Cependant une voix puissante se faisait entendre en son cœur, l'exhortant à la conversion : de même, dans le récit de la Transfiguration de Jésus sur le Mont Thabor, "voix" et "lumière" sont synonymes et concomitantes pour les apôtres présents. Une fois absorbé hors du corps, les différents sens humains deviennent un seul pour frapper le cœur, et alors l'auditeur les assimile au Maître qu'il reconnaît dans l'instant.

         « Saül, pourquoi me persécutes-tu ? » semble lui dire Jésus.

        Voix de l'Âme profonde qui demande au mental de cesser de la scléroser par des jugements et des concepts, voire de la clouer sur la croix de l'espace-temps.

       Ainsi cette "conversion" correspond exactement au moment où, quittant l'identification à votre corps et à votre histoire, à votre personne, vous n'identifiez plus non plus les formes environnantes, mais vous contentez de voir en toutes choses le Seigneur, l'Être, le Soi, Unique et resplendissant.

             Le mental cesse alors de régner avec son système de contrôle et de division pour laisser place à l'Amour qui transfigure tout, illumine tout, inonde de Joie et de Gratitude.

     

     


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        Aujourd'hui, ou plutôt depuis hier soir nous faisons la fête, nous rions, dansons et sommes heureux pour cette seule raison : il a été décidé dans notre société, arbitrairement, d'un calendrier où les jours sont dénombrés, si bien que le matin que nous vivons actuellement serait le premier d'un nouveau cycle, d'une nouvelle "année".

          Il est vrai que le symbole du cycle, de l'éternel recommencement, est rempli d'espoir pour nos cœurs défaillants toujours enclins à voir l'échec et à se nourrir de souhaits pour un supposé à-venir.

           Mais en vérité, si le bonheur naît du sentiment de la nouveauté, pourquoi ne réussissons-nous pas à ressentir que chaque jour, chaque matin, chaque instant, est toujours le premier du monde,  le premier que nous vivons, le seul ?

          Alors la Joie serait permanente...

     

     

    Beau premier jour

     

     

     


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