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    Lili

     

     

        « Lili » :  un titre aussi sobre que le bouleversant récit qui l'accompagne .

       En évoquant la courte mais fulgurante vie de "Lili Boulanger" (qui ne se prénommait pas plus Lili - son surnom - qu'elle n'était la fille de son "pauvre papa" Ernest Boulanger), avec en filigrane celles, en partie, de sa soeur Nadia et de ceux qui l'entourèrent, Alain Galliari nous montre quelle étrange farce est la vie que nous croyons "mener"...

        Plus que jamais il en ressort que nous ne sommes que des "instrumentistes" amenés à jouer la partition que le créateur (la Vie, Dieu) a conçue pour nous, sans avoir quoi que ce soit à y ajouter ni retrancher, sans avoir le moindre impact sur les événements dont nous sommes l'objet ni la moindre responsabilité de quoi que ce soit.

        Nous ne "dansons pas" avec la vie, nous exécutons juste la danse que celle-ci a choisie pour nous, si déchirante soit-elle. D'ailleurs comme le savent les romantiques,

    "les chants désespérés sont les chants les plus beaux"

    et de même l'existence la plus déchirante est aussi la plus sublime.

         Ainsi, pourquoi chercher à être "plus grand" que ce qui nous habite ? Maintenant je ne vois qu'une méthode : n'être rien.

         N'étant rien, je roule avec la vague qui se dissout sur la grève et le reflux m'emporte sans que rien ne puisse être distingué de la magique beauté de l'Océan.

     

     


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    Allons que ces doigts se dénouent
    comme le front d'avec la gloire,
    Nos yeux furent premiers à voir
    Les nuages plus bas que nous
    Et l'alouette à nos genoux,
    Allons, que ces doigts se dénouent ...

    Aragon

     

         Se DÉ-TA-CHER.

     "Qu'est-ce que j'ai fait ?"

    "Qu'est-ce que je n'ai pas fait ?"

    "Qu'est-ce que j'aurais dû faire ?"

         Vaines questions.

     

    Ce qui se passe est ce qu'il a été choisi d'expérimenter pour ce corps.

    Point final.

    Les autres corps expérimentent aussi ce qui a été choisi pour eux.

    Ceci forme un ensemble harmonieux analogue au clapotis des vagues qui s'entrechoquent sur les rochers...

    Il n'y a rien à chercher, rien à retenir, rien à combattre.

    Il suffit d'avoir confiance, et de se dire qu'on est forcément au bon endroit au bon moment, puisqu'on était là avant et que c'est le moment qui s'est imposé.

    C'est en ce sens seulement que nous sommes les spectateurs de notre propre vie : en prenant conscience que nous sommes là avant, après, toujours, immuablement, et que c'est la vie qui se déroule à travers nous ; comme sur un théâtre de marionnettes où un seul marionnettiste manipule à la fois le bon qui souffre et le méchant qui frappe.

      


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          L'écoute est un vecteur privilégié pour se reconnecter à Soi.

          Du moins lorsque l'on est particulièrement sensible à la musique et que celle-ci porte un texte inspirant.

          D'où provient cette musique ?

           Comment a-t-elle été créée ? Comment parvient-elle à mes oreilles, à mon cœur ?

           Quel sentiment étrange l'accompagne, lorsque l'on pense qu'elle a été écrite par une jeune femme de 22 ans prodigieusement douée mais atteinte d'une grave maladie qui devait l'emporter à 24 ans ? Il semble qu'une force puissante s'exprime à travers cette frêle silhouette, et si l'on en écoute les paroles, quel saisissement ! Les voici, avec un lien pour écouter la musique simultanément.

    Lili Boulanger*, Psaume 24.


    Psaume 24 

    La terre appartient à l'Éternel et tout ce qui s'y trouve,
    la terre habitable et ceux qui l'habitent.
    Car Il l'a fondée sur les mers,
    et l'a établie sur les fleuves.

    Qui est-ce qui montera à la montagne de l'Éternel,
    et qui est-ce qui demeurera au lieu de sa sainteté ? 
    Ce sera l'homme qui a les mains pures et le cœur net,
    dont l'âme n'est point portée à la fausseté
    et qui ne jure point pour tromper.
    Il recevra la bénédiction de l'Éternel
    et la justice de Dieu son sauveur.
    Telle est la génération de ceux qui Le cherchent,
    qui cherchent Ta face en Jacob.

    Portes, élevez vos têtes,
    portes éternelles, haussez-vous,
    et le Roi de gloire entrera.
    Qui est ce Roi de gloire ?
    C'est l'Éternel fort et puissant dans les combats.
    Portes, élevez vos têtes,
    élevez-vous aussi, portes éternelles ! 
    Et le Roi de gloire entrera.
    Qui est ce Roi de gloire ?
    C'est l'Éternel des armées,
    c'est Lui qui est le Roi de gloire.
    Éternel. Éternel. Éternel. Ah !

     

          Sidération lorsque l'on entend cela en ayant face à soi la campagne enflammée de lumière à l'infini et les nuages étincelant au ciel immaculé.

          Que signifie "monter à la montagne de l’Éternel" ?

           C'est se défaire de tous ces vêtements inutiles, de toutes ces identités dont on s'est affublé, de toutes ces formes et de toutes ces images afin de devenir comme le ciel... vide à l'infini.

           Et alors, qui est le "Roi de Gloire" ?

            C'est tout ce qui explose là de beauté indicible, sans cause, sans origine, sans devenir, sans but...  !

           Les "Portes Éternelles" - les cinq sens qui permettent de voir et d'entendre ainsi que les facultés mentales qui permettent de saisir le sens et de ressentir la beauté -, ces Portes Éternelles, si elles se haussent, elles s'effacent progressivement pour qu'éclate la Gloire de Ce Qui était déjà là AVANT, et qui sera là TOUJOURS, et qui rayonne de royauté avec la puissance du Soleil :

         L’Éternel, en Soi, dans le cœur !

     



    * Décédée le 15 mars 1918.


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    Le plus étonnant,

    c'est qu'il n'y a ni percevant, ni chose perçue.

     Il n'y a que l'Un - ce qui croit percevoir.

     

    Et si l'on s'abîme dans l'image, dans la musique,

    la sensation ou les pensées qui s'y rattachent,

    on est terrassé par une telle beauté, une telle immensité, 

    qu'elle fait exploser le cœur.

     

     

       C'est le message de cette belle Pleine Lune des Poissons, qui symbolise l'abolition de toutes les limites (Vierge) dans le cœur infini (Poissons), et dont l'effet s'est fait dès aujourd'hui sentir avec la fusion (Poissons) de toute cette neige glacée cristallisée (Vierge) et le retour de la douceur, de la Vie qui s'écoule...

     


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  •       Plus encore qu'Arjuna dans le Mahâbhârata, Râma est le héros parfait qui nous indique comment vaincre l'ego : le démon Râvana qui lui a ravi son épouse Sîtâ - sa Vie.

          Râvana, comme Lucifer dans la tradition hébraïque, est un ange déchu. D'origine divine, il est devenu démon par son attachement aux passions. Les démons qui l'entourent sont autant de passions et d'émotions que Râma doit combattre, mais qui renaissent constamment de façon effrayante. À l'image de la Conscience selon la philosophie hindoue, il possède dix têtes qui sont les dix organes de celle-ci : d'une part les organes dits externes ou de sensation au nombre de cinq (nos "organes des sens"), d'autre part les organes dits internes ou d'action qui sont également cinq (organes d'excrétion, de génération, mains, pieds et parole).

            La Conscience ou Ego est en possession de la Vie. Comment récupérer celle-ci ?

             Au début, Râma envoie des émissaires en tous lieux mais ne trouve pas Râvana. La Conscience ne peut être perçue que par elle-même. Elle règne sur une île inaccessible, enfermée dans sa propre citadelle.

          Enfin le singe Hanumân, fils du vent et merveilleux allié de Râma, réussit à le trouver mais ne peut se permettre de le détruire ; il représente le mental, mental qui non seulement est un don divin pour le héros, mais en plus l'aide dans sa quête.

            Une grande bataille s'engage, à laquelle Râvana se garde de participer, y envoyant des subalternes, même très proches (ses fils, ses frères) qui seront tous décimés par Râma et les forces mentales (singes) qui se sont jointes à lui. C'est ainsi que Sri Ranjit Mahâraj pourra dire que Râma ne peut tuer l'ego, car celui-ci n'existe pas réellement.

           Pourtant l'histoire réclame sa propre résolution ; et même si Râvana est décrit comme un être fabuleux ayant la faculté de se transformer à l'infini (comme la Conscience recréant des formes à l'infini), Râma reçoit enfin d'un bienheureux ermite le moyen de venir à bout de l'inépuisable ennemi ... Et voici son message 1.

     

      Glorieux fils de Daçaratha, apprends l'insondable mystère par quoi tu pourras vaincre dans les trois mondes.

        Ton esprit, concentre-le en toi-même et rends hommage à Celui qui Est. À l'Immuable qui meut tout. À l'Invariable en qui s'origine toute variation.

         Il est tout : le sacrificateur, le sacrifice et celui à qui on le destine.

         Il est le Créateur. Il est le Destructeur. Il est tous les dieux ; tous les démons. L'erreur et la vérité. Le visible et le non-visible. Le vivant et le non-vivant. Il est la Cause. Il est l'Effet. Et plus que cela encore.

         Honore en toi ce qui n'a pas de nom ; et maintenant, marche vers la victoire !

     

         La solution suprême est là, c'est pourquoi Râma est sûr de vaincre. Non de détruire un ennemi, car les têtes de Râvana repoussent instantanément au fur et à mesure qu'il les tranche ; mais en retrouvant sa juste place (nourrie de l'énergie de tous les êtres) et en brandissant l'arc suprême du Véda (la Connaissance parfaite) il anéantit le maître du lieu, le ravisseur de sa propre Vie.

         Alors, une fois celle-ci récupérée, Brahmâ lui-même lui apparaît - le Créateur du monde, celui qui est à l'origine des choses manifestées et qu'on appelle aussi l'Aïeul. Et voici ce qu'il lui dit puis la conversation qui s'ensuit :

        «  - Sais-tu bien ton origine, fortuné prince ?

           - Je suis un homme sans doute, né de Daçaratha. Mais en vérité, quel est mon nom ? Peux-tu me l'apprendre, toi qui détiens la Grande Science ?

           - Je ne puis rien t'apprendre, ô Râma, mais seulement réveiller ton souvenir ! Souviens-toi donc que tu es Nârâyana - Vishnu. C'est toi la Loi suprême, l'Intelligence, la Longanimité, la Domination de soi-même.

          Tu es la demeure de la Vérité ; l'Origine et la Fin de tout. 

           Les dieux même sont ton œuvre, et moi je suis ton cœur.

          Tu es dans tous les êtres.

          Lorsque la terre est détruite, tu es le grand Serpent qui habite les Eaux fondamentales.

           Quand tu fermes les yeux, c'est la Nuit ; quand tu les ouvres, c'est le Jour.

           Hors de toi, il n'est rien qui soit. 

           C'est pour la mort de Râvana que tu descendis dans un corps d'homme et cette tâche, tu l'achevas parfaitement. Dès maintenant si tu le veux, ta mission remplie, reviens parmi nous ! »

     

    Merveille !

    "Accomplis ton devoir et meurs", disait Ranjit Mahâraj... Il s'agissait donc de se débarrasser du démon et de revenir à Soi-même.

    "Gate, gate, pâragate, pârasamgate, bodhi, svâhâ" énonce le mantra suprême de la Sagesse Parfaite (prajñā pāramitā). Autrement dit : découvre que cela n'était qu'un jeu illusoire de ta conscience et reviens à Toi-même !

     

    Om 

    Qu'il en soit ainsi.

     


    1   Les extraits sont tirés de l'édition adaptée par Charles Le Brun (Dervy)


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