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          Voici une chanson qui me remplit d'allégresse, en cette période estivale. Elle reprend les mots qui forment le titre du célèbre ouvrage recueillant des conversations avec Nisargadatta Maharaj, cet être exceptionnel, simple marchand de cigarettes à Bombay qui, pour avoir appliqué fidèlement ce que lui avait dit son Maître Siddharameshwar Maharaj, a atteint la réalisation complète après la mort de celui-ci ; et qui ensuite l'enseigna à des milliers de gens en discutant avec eux, simplement, au coin de la rue puis dans son petit logement exigu : "I AM THAT !" "Je suis Cela !"

          Cependant il semble qu'en français la traduction de cette formule soit beaucoup plus percutante avec la simple expression "JE SUIS". En effet, atteindre à la "Réalisation de Soi", c'est d'abord, comme l'a enseigné aussi Ramana Maharshi), savoir qui est véritablement ce "Je" qui nous désigne intimement, et comprendre qu'il est ultimement dépouillé de toute qualification, et se contente d'Être.

          Comme l'expriment également les Bouddhistes, le "Soi" profond est vacuité, il est le simple témoin des expériences qui passent tels des nuages mais demeure à ce titre imperturbable, immuable, radieux, tranquille, vaste, pur et silencieux comme le ciel.

     

     

           Dans la vidéo, éditée par les disciples de Mooji*, lui-même enseignant dans la lignée de Ramana Maharshi, mais évoquant sans cesse les grands sages ou fondateurs de religions et de philosophies comme équivalents dans leur ultime propos (qu'il s'agisse de Nisargadatta Maharaj, de Jésus ou de Bouddha), on voit celui-ci (Mooji) danser, car comme l'on sait il est d'origine jamaïcaine et apprécie ce genre de musique. Cependant à la fin il développe longuement le sens de cette vidéo.

     

    * Ici un article intéressant pour le présenter, mais qui date certainement car à ce jour Mooji anime un ashram à "Monte Sahaja" au Portugal, et se rend chaque année pour un mois environ à Rishikesh en Inde où il est reçu et écouté comme un grand Maître.

     

     


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    Shiva en méditation à Rishikesh

     

     

     

     Ô Mahârâj-Mahârâni

    De ton cœur jaillit le monde

    Tu es Félicité

     

     

     


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          Je suis allée passer quelques jours de vacances.

           Envolée comme l'oiseau vers les montagnes (1).

           Hélas là-bas on m'a dérobé mon ordinateur, ma tablette et mes deux disques de sauvegardes.

           C'était comme mon mental, mes mémoires, mon lien avec le monde, mes moyens d'expression.

           J'ai essayé d'accepter ; j'ai tiré une carte du tarot Zen. La voici.

     

    Transcender la parole

     

    (1) Dans le Roi David d'Honegger cet extrait du Psaume 11 qui dit "Ne crains rien et mets ta Foi en l’Éternel" (écouter ici, jusqu'à 1'33).

     
         Et voici le poème qui en a découlé :

     

    Il n'y a que Lui et moi,

    Et pourtant c'est le même.

    Les écueils qui déchirent ne changent rien

    À ce regard qui Le voit,

    Et qui Le voit le regarder,

    Avec tant d'Amour.

     

    Il n'y a que l'Amour, cette grande Flamme

    Qui dévore l’œil et le détruit.

    La bougie a fondu,

    Il ne reste que la Flamme,

    La Flamme qui danse et qui sourit,

    La Flamme de Joie qui dévore tout,

    Et qui dévore encore.

     

    Dans la Profondeur ultime du Silence,

    Dans l'Abîme radieux de la Ressemblance,

    Il n'y a que Lui

    Qui Luit.

     

     

     


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    Aujourd'hui

     

      

    Aujourd’hui les arbres ont dansé
    Ont chanté tous ensemble en un chœur d’allégresse


    Les herbes ont ployé leurs hauts épis fleuris
    Courbées comme des ballerines


    Le merle a fait ses courses
    Sautillant furetant  parmi les graminées


    Folâtre un papillon volait de-ci de-là
    Rejoint parfois par une amie pour un petit duo


    Les nuages rêvaient parcourant le ciel bleu
    Et respirant soudain


    Le monde semblait s’ouvrir à sa première extase
    Dans un élan de joie


    Un grand bruissement montait des profondeurs
    « Om » grondait-il « Je Suis ! »


    En écho et miroir à l’Infiniment Grand
    Qui l’inondait d’Éclat de Force et de Beauté 

     

       

    Aujourd'hui

     

     

     


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          Aujourd'hui ce texte de Jean-Yves Leloup m'interpelle... et m'ouvre à de nouvelles découvertes.
     
          Dans quel corps l’amour s’incarne-t-il ?
     
    « Noli me tangere ». La parole de l’Enseigneur à Myriam de Magdala, au matin de la résurrection, a pu être traduite de différentes façons : « Ne me touche pas », « Ne me retiens pas » sont les plus fréquentes. Elles peuvent faire réfléchir sur notre façon de « toucher » l’autre. Nous avons tous connu des touchers « réducteurs » : nous n’étions pour ces mains là , « dans ces bras-là » que de la « viande », un objet de plaisir ou un objet malade…
    Mais parfois nous avons été touchés comme des personnes, des sujets dont on interroge le désir, des malades et non des maladies.
    Plus rarement nous avons été « touchés » ou rejoints dans des lieux inconnus de nous-mêmes, notre conscience du corps en était changée ; ce n’était pas seulement un « corps de chair » mais aussi un corps de souffle, ou un corps de lumière.
    Il y a des mains qui nous enferment dans nos formes, d’autres qui ouvrent ces formes à l’espace infini qu’elles accueillent plus qu’elles ne contiennent.
    La qualité de ce toucher n’est-ce pas ce que les talmudistes appellent : « la caresse » ?
    La caresse est ce qui s’oppose à la « prise ». La vie est à caresser, elle se refuse à ceux qui veulent la saisir, la prendre, la comprendre. Elle se donne à la main qui ne cherche pas un « quelque chose » mais s’ouvre à une Présence jamais atteinte. Les secrets ne s’arrachent pas ils se devinent. La caresse renonce à savoir pour mieux rencontrer, elle n’est pas la « connaissance de l’être mais son respect ».
     
    Jean Yves Leloup in « L’Evangile de Marie, Myriam de Magdala » 
     
     
        « Ne me touche pas ! » Cette phrase entendue par Marie-Madeleine découvrant que celui qu'elle avait d'abord pris pour un jardinier auprès du tombeau où avait été déposé Jésus était en réalité celui-ci bien vivant (voir ici), est très mystérieuse... Surtout si l'on y ajoute cette autre formule qu'il aurait prononcée ensuite : "Car je ne suis pas encore remonté vers mon Père" !
     
        Cependant, éclairée par le texte de Jean-Yves Leloup, elle me paraît aujourd'hui d'une immense richesse, d'une grande puissance d'enseignement. 
     
          On peut toucher de mille façons, car chaque organe des sens touche à sa manière, à commencer par la vue : chaque saisie par les sens crée une interprétation mentale, et au bout du compte, cristallise ce qui est perçu dans une forme définie. Tout effleurement implique la séparation du sujet d'avec un objet, et la matérialisation  de ce dernier.
     
         Ayant traversé sa "passion", sa crucifixion et sa mort, Jésus a atteint sa nature christique - d'autres diraient "sa nature de Bouddha" -, c'est-à-dire sa véritable nature, qui est impalpable et sans forme, indiscernable et immortelle. S'il apparaît à Marie sous l'aspect d'un corps, il s'agit juste d'une saisie mentale pour la jeune femme, mais elle ne doit pas s'en assurer par le toucher, elle ne doit plus réduire cet être à l'homme qu'elle a aimé ; c'est dans son intérêt à elle, je pense, que Jésus lui dit cela.
      
            Toucher le pan de la tunique d'un Rabbi pour être guéri était un tour de passe-passe apprécié des Juifs et la preuve que le "Maître" en question avait par son ascèse acquis quelques pouvoirs sur la matière : mais cela restait de l'ordre des apparences, de ce qui est impermanent et donc irréel.
     
            Mourir à ce monde matériel ouvre à la grande et fabuleuse Réalité qui est invisible et impalpable, pure lumière. Déjà la forme perçue n'est plus vraiment la même puisqu'elle le prend pour le Jardinier... Ceci me rappelle la Vision du Buisson Ardent qui fut offerte à Moïse : la forme est embrasée au point que l'on n'en voit plus que la Flamme, et la "toucher" reviendrait à disparaître à son tour... Mais pour cela, il faut sans doute que Jésus soit d'abord "remonté vers son Père", c'est-à-dire peut-être qu'Il se soit Lui-même confirmé dans sa Nature Lumineuse.
     
            Cette découverte vient à point nommé m'éclairer sur la difficulté que j'éprouvais à voir le sans-forme dans la forme chez les êtres humains. C'est plus facile dans ce qui est inanimé : on peut aisément ressentir une expansion de conscience et un sentiment d'unité face à un paysage ; mais devant des êtres humains, un sentiment de séparation surgit instantanément ainsi que la certitude de la "différence de l'autre"... Même en sachant qu'il s'agit de masques endossés par le Divin pour jouer, avec nous, différents rôles ! Car la question est bien sûr de s'identifier d'abord soi-même comme sans forme, comme sans définition, comme simple observateur.
     
          La formule : « Ne me touche pas », ressentie en soi-même ou perçue intérieurement comme venant d'autrui, peut servir de mantra pour se rappeler, constamment, que NOUS sommes le sans-forme, que nous sommes ce qui ne peut être défini, ce qui ne peut être touché - mais seulement connu.
     
     
     

    Noli me tangere, Fra Angelico

     
     

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