•  

         Bonjour à tous ceux que je visite régulièrement et qui peut-être viendront encore cette fois sur ce site... Il est vrai que je suis assez silencieuse sur ce blog depuis quelque temps, prise par d'innombrables activités extérieures ou ne trouvant rien à ajouter à ce que j'ai déjà abondamment évoqué dans le cadre de cette quête de l'Ultime.

         Pourtant, comment briser le lien qui nous permet d'exprimer et de partager ce que nous découvrons, ressentons jour après jour ? Ce sont souvent pour moi des découvertes musicales, qui me permettent d'épancher et de maintenir les ressentis de mon cœur, par l'écoute ou par le chant.

           Depuis quelque temps je suis captivée par les musiques jouées au piano-synthétiseur par Martin Rixen, qui vit auprès de Mooji au Portugal, et notamment par ce magnifique morceau intitulé "Mere Gurudev". Or je viens seulement de découvrir qu'il s'agissait d'une simple reprise pour piano seul d'un chant créé par Krishna Das (alias Jeffrey Kagel) dont je vous propose ici une traduction française. J'ignore si le texte est aussi de ce musicien, mais il me semble merveilleux ; j'ignore également s'il est rédigé en sanskrit ou bien dans une langue indienne contemporaine ; en tous cas, on peut le trouver ici interprété par lui s'accompagnant au "guide-chant" traditionnel auxquels s'ajoutent des instruments classiques, ou chanté par Deva Premal avec l'accompagnement de la flûte de bambou de Manose, et en prime le texte original défilant sur la vidéo. Enfin ces deux interprètes l'ont également enregistré ensemble ici, avec sous la vidéo une traduction anglaise dont je me suis bien sûr servie.

            Cependant je préfère vous donner la version piano seul avec l'adaptation que j'en ai faite, en insistant sur le fait que "Gurudev" est un composé du mot "guru" qui signifie "maître" au sens de guide ou instructeur, et de "deva" qui signifie "divinité" au sens d'être réalisé ou sacré. Je le traduis donc - comme je le comprends - de telle manière que l'on pourrait l'adapter aussi bien à Jésus comme à tout être féminin ou masculin, ou même à tout élément naturel qui susciterait en nous l'ouverture et l'élévation de notre cœur par l'Amour.

         C'est en effet un chant d'amour, un chant d'abandon de soi, et il est évident qu'une telle dévotion n'est pas adressée à un être charnel ni à un individu humain quel qu'il soit. Il évoque plutôt le recueillement au pied d'une statue particulièrement chérie, et en qui nous placerions la plus totale confiance.

           Ainsi dans la vidéo que vous trouverez ensuite, si le visage de Mooji est trop souvent apparent sur l'écran, c'est parce qu'il était à l'origine de l'enregistrement qui intervient en clôture d'une de ses réunions publiques, mais on devine bien à son expression que lui-même ne pense également qu'à son propre Maître, et ne se considère que comme son instrument, rien de plus...

     

    Mon divin Maître

     
    Mon Divin Maître, j'offre ces fleurs de ma foi à Tes pieds ;
    Tout ce que j'ai c’est Toi qui me l'as donné, alors je T’offre tout.

    Je n'ai pas d'amour, ni de connaissance, ni même la force d'accomplir les rituels du culte ;
    Mais cet esprit qui est mien, ce corps qui est mien, tous ces atomes qui me composent Te sont consacrés.

    Tu es le seul dans mon cœur, le seul dans mes pensées, le seul aussi que j'invoque.
    Maintenant fais de moi Ton instrument, je T'offre tout ce que je suis.

     

     

     

     

     


    12 commentaires
  •  

         Suite à la découverte exposée dans l'article du 18 août (La Vérité cachée) je me suis procuré l'ouvrage cité d'Henry Corbin, qui est il faut bien le dire un pavé philosophique assez impressionnant, mais qui offre ce merveilleux cadeau de développer en détail l'univers mystique du soufisme le plus élevé (celui qui inspira les troubadours, Dante Alighieri, rejoint Platon et éclaire la fin du second Faust de Goethe...), tout en fournissant le texte précis mentionné dans la vidéo.

     

    L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn' Arabi

     

             Au fil des pages émaillées de néologismes ayant pour but d'approcher au mieux le sens des concepts énoncés en persan ancien, on se laisse captiver par cette proximité du Dieu "caché en nous" et auquel nous sommes inévitablement rappelés par Sa puissance d'Amour, par la véhémence de son appel.

             En voici un extrait, au début du chapitre premier de la seconde partie, qui s'intitule :

    « De la Création comme théophanie »


      «  Il est nécessaire avant tout, de nous remémorer les actes de la cosmogonie éternelle conçue par le génie d'Ibn 'Arabi. Un Être Divin esseulé en son essence inconditionnée, dont nous ne connaissons qu'une chose : précisément la tristesse de cette solitude primordiale, qui le fait aspirer à se révéler dans les êtres qui le manifestent à lui-même pour autant qu'il se manifeste à eux. C'est cette Révélation que nous percevons ; c'est elle qu'il nous faut méditer pour connaître qui* nous sommes. Le leitmotiv* énonce non pas la fulguration d'une Omnipotence autarcique, mais une nostalgie foncière : 

        "J'étais un Trésor caché, j'ai aimé à être connu. C'est pourquoi j'ai produit les créatures afin de me connaître en elles." **
        Cette phrase est représentée comme la tristesse des Noms divins*** s'angoissant dans l'inconnaissance, parce que personne ne les nomme, et c'est cette tristesse que vient détendre cette Spiration divine (tanaffos)* qui est Compatissance (Rahma)* et existentiation**** (îjâd)*, et qui dans le monde du Mystère est Compassion de l'Être Divin avec et pour soi-même, c'est-à-dire pour ses propres Noms. Ou encore, origine et principe sont une  détermination de l'amour, lequel comporte mouvement d'ardent désir (harakat shawqîya)* chez celui qui est épris. À cet ardent désir, le Soupir divin apporte sa détente. »

    H. Corbin, L'imagination créatrice dans le soufisme d'Ibn 'Arabi, p.199

     

    *   (en italique dans le texte)
    **  (mis en relief par mes soins)
    *** (infiniment varié, Dieu est porteur de Noms innombrables dont les êtres vivants sont les représentants)
    ****(C'est le Souffle d'Amour qui amène à l'existence les êtres projetés à partir de leurs Noms).

     

        S'il n'y a que Lui se mirant Soi-même, se projetant Soi-même, alors qui sommes-nous ? Il est vrai que Jésus a su habilement présenter sa condition comme celle d'un Fils par rapport à un Père, Fils projeté par le Souffle (= Esprit Saint) de ce dernier. Mais il est étonnant de constater aussi combien Henry Corbin évoque fréquemment le bouddhisme ZEN comme étant très proche des conclusions d'Ibn 'Arabi, même si les apparences sont contraires. Le Zen ne nomme pas Dieu, car Il est innommable. Cependant la Réalité est une et indivisible ; seules en varient les approches humaines.

     


    4 commentaires
  •  

     

    Masque

     

     

    Le Maître s'est masqué

    Pour ne laisser paraître que la Lumière de Ses yeux

    Et ne laisser entendre que Sa Parole inaudible

     

     

     

     


    14 commentaires
  •  

          Je suis souvent déçue du fait que les enseignements qui m'attirent le plus actuellement, qu'ils viennent de l'Inde comme le Vedanta ou de Perse comme le Soufisme, ne nous sont accessibles qu'en anglais. Nous trouvons certaines traductions françaises, mais sommes toujours très en retard sur nos voisins pour la plupart des textes. C'est souvent l'anglais seul qui traduit le sanskrit ou le persan ancien. Je me suis donc remise à étudier cette langue dont je n'avais jamais eu d'apprentissage ni de pratique auparavant... Avec google et son traducteur plus les sous-titres de youtube, c'est possible.

          Mais voici que ce matin je tombe avec stupéfaction sur l'adaptation française d'une vidéo magnifique découverte peu auparavant en anglais et qui m'avait contrariée puisqu'elle avait son origine dans les pages d'un auteur français (Henry Corbin), et que cette fois encore c'est un anglais qui avait su mettre en valeur ce texte, dans la langue de Shakespeare. 

           Cependant j'avoue maintenant que la vidéo initiale m'émeut davantage que sa reprise française, et semble plus aboutie. C'est donc celle-ci que je vais d'abord déposer ici, en vous laissant sa traduction dessous, sachant qu'à la page youtube de cette dernière vous trouverez l'intégralité du texte français dans le premier commentaire, ainsi que des présentations des auteurs (ici). 

          Dans les deux cas, la musique d'Armand Amar, avec le duduk arménien, est superbe. Le texte cité est d'Ibn Arabî, philosophe, théologien mystique et poète né en Andalousie au XIIe siècle et mort à Damas au XIIIe siècle de notre ère.

      

          

     

        

     

    NB - Les commentaires sous cette seconde vidéo valent vraiment d'être lus. À commencer par cette présentation du travail de Henry Corbin :

    « Henri Corbin (Paris 1903 - Paris 1978) est un philosophe, traducteur et orientaliste français. Le projet central de Corbin était de fournir un cadre pour comprendre l’unité des religions du livre : judaïsme, christianisme et islam. Son grand ouvrage : « Seul avec le seul : l’imagination créatrice dans le soufisme d’Ibn Arabi » est un texte classique initiatique de spiritualité visionnaire qui transcende les divisions tragiques entre les trois grands monothéismes. La vie de Corbin a été consacrée à la lutte pour libérer l’imagination religieuse des fondamentalismes de toutes sortes. »

     


    9 commentaires
  •  

          En ce monde, tout est cyclique.

          L'univers, que l'on dit "courbe", est censé selon certains scientifiques fonctionner en boomerang, nous renvoyant tôt ou tard à notre point de départ ; et de toutes façons, en expansion depuis le "Big Bang", il est supposé se re-contracter tôt ou tard pour aboutir à un "Big Crunch".

         Ainsi, en tant que corps matériels sortis d'une graine confiée au "ventre de notre mère", nous finirons poussière retournée au sein de notre Mère la Terre... N'en serait-il donc pas de même pour notre esprit ?

     

          La vie est difficile. Aux moments de joie, d'extase même, succèdent des moments de douleur, de tristesse, de désespoir. À l'attrait magnétique des beautés fantastiques du monde, de ses délices merveilleux, succèdent la souffrance  physique ou morale, la déception, l'horreur face à une "réalité" tout autre.

          Aussi nous "souvenons-nous" soudain qu'il existe obligatoirement "autre chose" ; comme si nous avions quitté un Paradis et le recherchions. Le "sein de notre mère" ? Peuh ! Y a-t-il encore de ces pseudo-scientifiques qui croient que le seul bonheur connu par notre âme serait dans notre condition fœtale ? Et que l'âme serait "née" seulement à ce moment ? L'âme, ou "animation" c'est-à-dire faculté de mouvement, qui influe au petit germe une volonté distincte de celle de sa mère, serait intrinsèque à la matière ? Tout comme notre volonté propre, à nous qui pensons gérer notre vie ? Allons donc !

     

         De découverte en découverte, ce blog cherche à cerner la réalité de ce que nous sommes, sans jamais être bien sûr d'avoir abouti ; et pour éviter d'énoncer des sottises trop personnelles, il a tendance à citer des "autorités" en la matière - des textes de "maîtres", comme on les appelle.

         Mais aujourd'hui, une évidence me frappe. Pourquoi est-ce que je cherche, depuis, semble-t-il, "toujours" ? Parce que je SAIS avoir perdu quelque chose. Et ce n'est pas si vieux en fait, cela ne date pas du "ventre de ma mère". Le fait d'avoir commencé à écrire dès douze ans me donne la clef.

          Je doutais auparavant, je n'en étais pas assez sûre. Mais cela me paraît certain aujourd'hui : jusqu'à mes douze ans - jusqu'à la puberté, période où selon certains nous sommes encore "portés par les anges" -, je vivais comme sur un nuage, heureuse, sans  jamais me poser de question.

            Et à douze ans, avec l'éclosion du "corps émotionnel" (ou astral) jusque là en sommeil, est apparu le karma (oui, tout ce que j'ai pu étudier de moi en astrologie s'est abattu à partir de ce moment), et avec lui ... le sentiment de séparation. Comme une blessure épouvantable, que j'ai même décrite comme un deuil. Une déchirure. Le traumatisme de la naissance ?? Je l'ai cru longtemps, en étudiant la psychologie, mais cela va tellement au-delà. Ce sont les poèmes de cette époque, située entre mes 12 et 16 ans, qui montrent avec force que cette période fut celle de la séparation d'avec "Dieu", rappelant presque le "Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?" de Jésus en croix. Ce fut comme l'arrachement à un statut d'"enfant divin", comme la chute d'Adam et d’Ève chassés du Paradis terrestre.

            Ensuite, il m'a fallu vaille que vaille affronter le monde matériel. Affronter la vie et ses douleurs, ses responsabilités, ses joies et ses peines. En cherchant évidemment toujours le "paradis perdu", je me précipitais conjointement sans m'en rendre compte vers les plaisirs terrestres, vers la valorisation de soi, vers l'épanouissement de soi et tout ce qu'en fin de compte j'étais venue chercher sur terre ! Car on ne s'incarne pas par hasard. On ne prend pas place en ce monde sans avoir une expérience à y faire, un message à y transmettre. C'est un pèlerinage. C'est une mission, et cette mission il faut la remplir correctement. Il y a d'autres âmes autour de nous ; tout un groupe d'âmes sœurs et frères (amies ou ennemies) que nous devons côtoyer, aimer, respecter, reconnaître.

          Il est donc normal et indispensable d'oublier quelque temps ce "spirituel" tant adoré, pour remplir les tâches qui nous sont demandées.

          Ah, j'ai eu bien du mal, ayant ressenti l'abandon du "ciel" comme un châtiment. Mais je suppose qu'il n'en est pas de même pour tous ! Nous avons tous notre chemin propre, notre mission propre. Nous sommes un peu comme des marins partis en pêche lointaine et appelés à revenir au port plus tard, mais avec les bras chargés de notre cueillette.

         Comme j'ai ressenti ce "mal du pays", et comme j'ai fouillé la psychanalyse, puis l'hermétisme initiatique, puis la sophrologie, le yoga et la méditation, avant de parvenir à la voie du védanta et à toutes les mystiques ! Mais je vois bien que ces recherches, après avoir nourri mon mental et alimenté une part de mon ego, ne sont plus aujourd'hui que la simple marque du voyage de retour. Partir en regardant sans cesse en arrière fut certes un peu malsain, mais revenir, comme c'est agréable !

          Ne plus se lamenter. Avoir confiance. Savoir que le retour est inéluctable... Quel bonheur ! Le mieux, c'est que je le savais dès le départ, mais j'ai eu énormément de mal à accepter d'affronter "seule" les tempêtes... Grosse bête ! Je n'ai jamais été seule ! Dans toutes les tempêtes, il y a toujours eu cette "petite voix" pour me soutenir, ces lumières inattendues, ces clins d’œil qui apparaissaient, ces réponses à tous mes appels... cette Présence douce et silencieuse en retrait derrière moi.

           J'espère que pour vous les choses sont plus simples. Oui ! La Vie est belle ! Si elle nous est donnée, c'est pour être vécue, pleinement et sans remords ! Mais la vieillesse, que l'on appelle aussi parfois "retour en enfance", est destinée à nous ramener progressivement au port que nous avons laissé : par la déliquescence progressive de nos moyens physiques, elle nous reconduit à l'Union de notre âme avec le Bien-Aimé que nous avons quitté, ce Soi Sans Forme qui est comme le Ciel, qui est comme le Silence, qui est la Source de Toute Forme, cet Océan infini dont notre âme n'était qu'une goutte et que je cherche encore et encore à étreindre de tout l'Amour du monde...

           


    7 commentaires