• Boucle

     

          En ce monde, tout est cyclique.

          L'univers, que l'on dit "courbe", est censé selon certains scientifiques fonctionner en boomerang, nous renvoyant tôt ou tard à notre point de départ ; et de toutes façons, en expansion depuis le "Big Bang", il est supposé se re-contracter tôt ou tard pour aboutir à un "Big Crunch".

         Ainsi, en tant que corps matériels sortis d'une graine confiée au "ventre de notre mère", nous finirons poussière retournée au sein de notre Mère la Terre... N'en serait-il donc pas de même pour notre esprit ?

     

          La vie est difficile. Aux moments de joie, d'extase même, succèdent des moments de douleur, de tristesse, de désespoir. À l'attrait magnétique des beautés fantastiques du monde, de ses délices merveilleux, succèdent la souffrance  physique ou morale, la déception, l'horreur face à une "réalité" tout autre.

          Aussi nous "souvenons-nous" soudain qu'il existe obligatoirement "autre chose" ; comme si nous avions quitté un Paradis et le recherchions. Le "sein de notre mère" ? Peuh ! Y a-t-il encore de ces pseudo-scientifiques qui croient que le seul bonheur connu par notre âme serait dans notre condition fœtale ? Et que l'âme serait "née" seulement à ce moment ? L'âme, ou "animation" c'est-à-dire faculté de mouvement, qui influe au petit germe une volonté distincte de celle de sa mère, serait intrinsèque à la matière ? Tout comme notre volonté propre, à nous qui pensons gérer notre vie ? Allons donc !

     

         De découverte en découverte, ce blog cherche à cerner la réalité de ce que nous sommes, sans jamais être bien sûr d'avoir abouti ; et pour éviter d'énoncer des sottises trop personnelles, il a tendance à citer des "autorités" en la matière - des textes de "maîtres", comme on les appelle.

         Mais aujourd'hui, une évidence me frappe. Pourquoi est-ce que je cherche, depuis, semble-t-il, "toujours" ? Parce que je SAIS avoir perdu quelque chose. Et ce n'est pas si vieux en fait, cela ne date pas du "ventre de ma mère". Le fait d'avoir commencé à écrire dès douze ans me donne la clef.

          Je doutais auparavant, je n'en étais pas assez sûre. Mais cela me paraît certain aujourd'hui : jusqu'à mes douze ans - jusqu'à la puberté, période où selon certains nous sommes encore "portés par les anges" -, je vivais comme sur un nuage, heureuse, sans  jamais me poser de question.

            Et à douze ans, avec l'éclosion du "corps émotionnel" (ou astral) jusque là en sommeil, est apparu le karma (oui, tout ce que j'ai pu étudier de moi en astrologie s'est abattu à partir de ce moment), et avec lui ... le sentiment de séparation. Comme une blessure épouvantable, que j'ai même décrite comme un deuil. Une déchirure. Le traumatisme de la naissance ?? Je l'ai cru longtemps, en étudiant la psychologie, mais cela va tellement au-delà. Ce sont les poèmes de cette époque, située entre mes 12 et 16 ans, qui montrent avec force que cette période fut celle de la séparation d'avec "Dieu", rappelant presque le "Père, pourquoi m'as-tu abandonné ?" de Jésus en croix. Ce fut comme l'arrachement à un statut d'"enfant divin", comme la chute d'Adam et d’Ève chassés du Paradis terrestre.

            Ensuite, il m'a fallu vaille que vaille affronter le monde matériel. Affronter la vie et ses douleurs, ses responsabilités, ses joies et ses peines. En cherchant évidemment toujours le "paradis perdu", je me précipitais conjointement sans m'en rendre compte vers les plaisirs terrestres, vers la valorisation de soi, vers l'épanouissement de soi et tout ce qu'en fin de compte j'étais venue chercher sur terre ! Car on ne s'incarne pas par hasard. On ne prend pas place en ce monde sans avoir une expérience à y faire, un message à y transmettre. C'est un pèlerinage. C'est une mission, et cette mission il faut la remplir correctement. Il y a d'autres âmes autour de nous ; tout un groupe d'âmes sœurs et frères (amies ou ennemies) que nous devons côtoyer, aimer, respecter, reconnaître.

          Il est donc normal et indispensable d'oublier quelque temps ce "spirituel" tant adoré, pour remplir les tâches qui nous sont demandées.

          Ah, j'ai eu bien du mal, ayant ressenti l'abandon du "ciel" comme un châtiment. Mais je suppose qu'il n'en est pas de même pour tous ! Nous avons tous notre chemin propre, notre mission propre. Nous sommes un peu comme des marins partis en pêche lointaine et appelés à revenir au port plus tard, mais avec les bras chargés de notre cueillette.

         Comme j'ai ressenti ce "mal du pays", et comme j'ai fouillé la psychanalyse, puis l'hermétisme initiatique, puis la sophrologie, le yoga et la méditation, avant de parvenir à la voie du védanta et à toutes les mystiques ! Mais je vois bien que ces recherches, après avoir nourri mon mental et alimenté une part de mon ego, ne sont plus aujourd'hui que la simple marque du voyage de retour. Partir en regardant sans cesse en arrière fut certes un peu malsain, mais revenir, comme c'est agréable !

          Ne plus se lamenter. Avoir confiance. Savoir que le retour est inéluctable... Quel bonheur ! Le mieux, c'est que je le savais dès le départ, mais j'ai eu énormément de mal à accepter d'affronter "seule" les tempêtes... Grosse bête ! Je n'ai jamais été seule ! Dans toutes les tempêtes, il y a toujours eu cette "petite voix" pour me soutenir, ces lumières inattendues, ces clins d’œil qui apparaissaient, ces réponses à tous mes appels... cette Présence douce et silencieuse en retrait derrière moi.

           J'espère que pour vous les choses sont plus simples. Oui ! La Vie est belle ! Si elle nous est donnée, c'est pour être vécue, pleinement et sans remords ! Mais la vieillesse, que l'on appelle aussi parfois "retour en enfance", est destinée à nous ramener progressivement au port que nous avons laissé : par la déliquescence progressive de nos moyens physiques, elle nous reconduit à l'Union de notre âme avec le Bien-Aimé que nous avons quitté, ce Soi Sans Forme qui est comme le Ciel, qui est comme le Silence, qui est la Source de Toute Forme, cet Océan infini dont notre âme n'était qu'une goutte et que je cherche encore et encore à étreindre de tout l'Amour du monde...

           

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 16 Août 2020 à 19:10
    daniel

    C'est un très beau texte, sincère que je partage totalement. J'entre dans l'âge de la vieillesse et je sens moi aussi  ce retour. Le voile des illusions s'en va. J'ouvre les yeux et tout devient un peu plus simple. Je me rends compte que la vie est belle !

      • Dimanche 16 Août 2020 à 20:56

        Il y a une phrase merveilleuse qui clôt le livret du Roi David, d'Honegger. Sur son lit de mort, David s'écrie : "Cette vie était si belle ! Je Te bénis, Toi qui me l'as donnée..." Pourtant on voit au fil du texte que sa vie n'a pas été exempte de difficultés.

    2
    Lundi 17 Août 2020 à 19:39
    daniel

    C'est en vieillissant que l'on se rencontre que la vie est précieuse !

    3
    Mardi 18 Août 2020 à 21:02
    Nous avons tous notre mission propre . Qui se rejoint avec celui des autres, frères et sœurs.
    Un texte bien profond. Comme chacun, chemin pas toujours simple
    Je le pose des questions en acceptant les non réponses. Même si parfois je voudrais être de l'autre côté de la porte, je sais qu'il faut persévérer à vivre cette vie. Le royaume de Dieu est ici.
    Bises et porte toi bien. La canicule partie nous rend un peu d'énergie. Bises
      • Mardi 18 Août 2020 à 21:29
        Oui un peu mais ce n'est pas encore le top !
    4
    Mercredi 19 Août 2020 à 14:55

    " Dans toutes les tempêtes...il y a des lumières inattendues"

    Je le crois

      • Mercredi 19 Août 2020 à 18:45

        Tu as dû l'expérimenter aussi ?

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