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    (Suite de l'article précédent)

     

       Pourtant, il existait une troisième voie, et j'imaginais que certains lecteurs l'auraient imaginée. 

       Peut-être n'avez-vous pas osé, ou vous disiez-vous que vous deviez choisir entre les deux ; et il est certain que le ton que j'avais adopté faisait pencher vers le second.

         Cependant si la première proposition demandait beaucoup de détermination et de courage, il me paraît évident que la seconde était totalement hors de portée ! Comment voulez-vous effacer vous-même des nuages qui se sont accumulés entre vous et le soleil ? C'est mission impossible ! Admettons que ces nuages soient des pensées ou des ressentis négatifs, une sorte d'état dépressif : comment s'en débarrasser, si ce n'est en utilisant des médicaments, ou bien en attendant patiemment "que cela passe" (comme les nuages) ?

        La troisième voie est donc celle de la Foi ; quand les choses vont très, très mal, ainsi qu'il est arrivé à Job par exemple, qui ne comprenait pas pourquoi le sort s'acharnait contre lui malgré son innocence et ses efforts ; quand l'adversité se déverse sur vous alors que vous vous êtes battus, courageusement, durant des années déjà et que vous veniez de tenter l'effort de la "dernière chance", vous sentant totalement au bout du rouleau... comment échapper à l'amertume ? À la rancune, à la colère, au désespoir ?

         C'est là en fait qu'il faut voir une bénédiction du Ciel : car le "Ciel" vous force, vous oblige, à vous détourner des apparences (contraires) pour revenir "à la maison", chez vous, dans cette fameuse position de l'observateur qui voit que les choses échappent à son contrôle et que rien ne lui appartient ; mais que là, en Soi, au Cœur de l'Être, rien n'a vraiment changé.

         De cette position on peut voir l'amertume, voir la rancune, et les laisser se déverser sans chercher à les juger ni à condamner quoi que ce soit.

        Et on y parvient mieux encore lorsque l'on y met sa Foi, tout son amour, toute sa force, comme c'est écrit dans le Psaume 22 de David - psaume que dit-on Jésus aurait récité sur la Croix, mais là c'est juste une histoire pour illustrer le Psaume ; une histoire qui cependant permet de mieux le ressentir en le découvrant vécu.

     

    Psaume 22

    1. Au chef des chantres. Sur « Biche de l’aurore ». Psaume de David.

    2. Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné,
      et t’éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes ?
    3. Mon Dieu ! je crie le jour, et tu ne réponds pas ;
      la nuit, et je n’ai point de repos.
    4. Pourtant tu es le Saint,
      tu sièges au milieu des louanges d’Israël.
    5. En toi se confiaient nos pères ;
      ils se confiaient, et tu les délivrais.
    6. Ils criaient à toi, et ils étaient sauvés ;
      ils se confiaient en toi, et ils n’étaient point confus.
    7. Et moi, je suis un ver et non un homme,
      l’opprobre des hommes et le méprisé du peuple.
    8. Tous ceux qui me voient se moquent de moi,
      ils ouvrent la bouche, secouent la tête :
    9. Recommande-toi à l’Éternel !
      L’Éternel le sauvera,
      il le délivrera, puisqu’il l’aime !
    10. Oui, tu m’as fait sortir du sein maternel,
      tu m’as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère ;
    11. dès le sein maternel j’ai été sous ta garde,
      dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.
    12. Ne t’éloigne pas de moi quand la détresse est proche,
      quand personne ne vient à mon secours !
    13. De nombreux taureaux sont autour de moi,
      des taureaux de Basan m’environnent.
    14. Ils ouvrent contre moi leur gueule,
      semblables au lion qui déchire et rugit.
    15. Je suis comme de l’eau qui s’écoule,
      et tous mes os se séparent ;
      mon cœur est comme de la cire,
      il se fond dans mes entrailles.
    16. Ma force se dessèche comme l’argile,
      et ma langue s’attache à mon palais ;
      tu me réduis à la poussière de la mort.
    17. Car des chiens m’environnent,
      une bande de scélérats rôdent autour de moi,
      ils ont percé mes mains et mes pieds.
    18. Je pourrais compter tous mes os.
      Eux, ils observent, ils me regardent ;
    19. ils se partagent mes vêtements,
      ils tirent au sort ma tunique.
    20. Et toi, Éternel, ne t’éloigne pas !
      Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours !
    21. Protège mon âme contre le glaive,
      ma vie contre le pouvoir des chiens !
    22. Sauve-moi de la gueule du lion,
      délivre-moi des cornes du buffle !
    23. Je publierai ton nom parmi mes frères,
      je te célébrerai au milieu de l’assemblée.
    24. Vous qui craignez l’Éternel, louez-le !
      Vous tous, postérité de Jacob, glorifiez-le !
      Tremblez devant lui, vous tous, postérité d’Israël !
    25. Car il n’a ni mépris ni dédain pour les peines du misérable,
      et il ne lui cache point sa face ;
      mais il l’écoute quand il crie à lui.
    26. Tu seras dans la grande assemblée l’objet de mes louanges ;
      j’accomplirai mes vœux en présence de ceux qui te craignent.
    27. Les malheureux mangeront et se rassasieront,
      ceux qui cherchent l’Éternel le célébreront.
      Que votre cœur vive à toujours !
    28. Toutes les extrémités de la terre penseront à l’Éternel et se tourneront vers lui ;
      toutes les familles des nations se prosterneront devant ta face.
    29. Car à l’Éternel appartient le règne :
      Il domine sur les nations.
    30. Tous les puissants de la terre mangeront et se prosterneront aussi ;
      devant lui s’inclineront tous ceux qui descendent dans la poussière,
      ceux qui ne peuvent conserver leur vie.
    31. La postérité le servira ;
      on parlera du Seigneur à la génération future.
    32. Quand elle viendra, elle annoncera sa justice,
      elle annoncera son œuvre au peuple nouveau-né.

    Traduction Louis Segond - Wikisource

     

        L'appellation d' "Éternel" est primordiale pour nous permettre de concevoir qu'il ne s'agit pas là d'un être "individuel", mais de notre propre Source Éternelle qui, nous ayant introduit dans cette existence par le biais du ventre maternel puis de l'amour d'une mère, nous avait dès l'origine manifesté Sa protection.

        Il est évident que les "taureaux", les "chiens" et autres lions ou buffles ne sont que nos pensées et ressentis négatifs, ces fameux nuages qui s'accumulent et que nous seuls ne pouvons dissiper. L'enfer est dans notre tête et la délivrance est hors de celle-ci : ce n'est donc pas notre tête qui se délivrera elle-même, mais Ce qui en nous "écoute" (nous retrouvons ici la parole de Jean-Marc Mantel), et qui est éternel.

         "Le peuple nouveau-né" c'est celui qui, par amour pour plus grand que lui, aura abandonné son manteau de créature indépendante pour ouvrir les yeux à Ce qui le dépasse et qui ne meurt jamais. Ayant perdu son individualité il est égal à "tous".

        Cependant, si demeurer au-delà de soi-même nous est trop difficile, le Soi suprême peut être appelé "Seigneur", car il est le créateur de l'ego, et l'on peut se contenter de mettre en Lui sa Foi.

        

     

               


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    Ecoute

     

    « L'écoute est guérisseuse. Elle objective les souffrances, sans les nourrir. La souffrance est une réaction. Ce qui est conscient de la souffrance est en dehors de la souffrance. En explorant le connaisseur de la souffrance, l'accent n'est plus maintenu sur l'objet, mais se tourne vers ce qui le transcende. »

    Jean-Marc Mantel,
    La pratique Spirituelle


         Bien sûr il ne s'agit pas ici de l'écoute d'autrui, mais de l'écoute de soi-même - autre façon de désigner l'auto observation. Se situer en dehors de soi-même, voici la gymnastique à laquelle est convié le Chercheur Spirituel, pratique ramenant prétendument à notre "état naturel", c'est-à-dire à ce que nous étions petit enfant : peu attaché à ce qui "nous arrive", et juste occupé à courir au-devant la vie telle qu'elle se présente, sans référence aucune permettant de comparer ou évaluer quoi que ce soit.

         Ranjit Maharaj, condisciple et successeur de Nisargadatta Maharaj, invitait ses auditeurs à s'imaginer qu'ils étaient "leur voisin" : « Quand quelque chose arrive à votre voisin, disait-il en substance, vous pensez simplement "ah ! le pauvre !", et puis ensuite vous oubliez... Faites de même lorsqu'il s'agit de votre propre vie : dites-vous qu'il s'agit du voisin.» Plus facile à dire et à comprendre, qu'à faire !

         Aussi lorsque je trouve par hasard cette lettre écrite par George Sand à Gustave Flaubert publiée par Ferdinand Brunetière (voir ici), je me dis que sa merveilleuse humanité vaut peut-être davantage que nos efforts stériles pour revenir en enfance, ce qui manifestement n'est pas le but de l'existence...

        « Pauvre cher ami,
       Je t’aime d’autant plus que tu deviens plus malheureux. Comme tu te tourmentes et comme tu t’affectes de la vie ! Car tout ce dont tu te plains, c’est la vie, elle n’a jamais été meilleure pour personne et dans aucun temps. On la sent plus ou moins, on la comprend plus ou moins, on en souffre donc plus ou moins, et plus on est en avant de l’époque où l’on vit, plus on souffre. Nous passons comme des ombres sur un fond de nuages que le soleil perce à peine et rarement, et nous crions sans cesse après ce soleil qui n’en peut mais. C’est à nous de déblayer nos nuages. »

    Ferdinand Brunetière,
    Correspondance de Gustave Flaubert avec George Sand

     

    Qu'en pensez-vous ? 

     

    Nuages et soleil

     

           


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    Krishna réconforte Arjuna

     

           Dans la Bhagavad Gîta, au chapitre 4, Krishna (incarnation de l'Être Suprême), révélait à Arjuna, qui dans sa grande souffrance cherchait instamment la Vérité concernant la vie et la mort :

     

    Verset : 4.6

    « Je demeure non né, et Mon Corps spirituel est absolu, ne se détériore jamais. Je suis le Seigneur de tous les êtres. Et pourtant, en Ma Forme originelle, Je descends dans cet univers à intervalles réguliers.

    Verset : 4.7

    « Chaque fois qu’en quelque endroit de l’univers, la spiritualité voit un déclin, et que s’élève l’irréligion, ô descendant de Bhârata, Je descends en personne.

    Verset : 4.8

    « J’apparais d’âge en âge afin de délivrer Mes dévots, d’anéantir les mécréants, rétablir les principes de la spiritualité.

    Verset : 4.9

    « Celui, ô Arjuna, qui connaît l’absolu de Mon avènement et de Mes Actes n’aura plus à renaître dans l’univers matériel ; quittant son corps, il entre dans Mon royaume éternel.

     

           Ainsi en est-il, plus près de nous, de Jésus qui, apparu en tant que créature parmi les humains, nous montre aujourd'hui avec une clarté sublime sa nature divine.

     

    Jésus apparaît à Marie

     

         Pourquoi "aujourd'hui" ? Pourquoi "sublime" ? Parce que - et je crois bien qu'il en est de même chez vous -, tout brille, tout resplendit ce matin dans la nature renouvelée par le printemps. La nature est ce vecteur immuable de démonstration de la renaissance perpétuelle, et elle nous porte comme Dieu, le Purushottama évoqué par Krishna, nous porte en son cœur pour l'éternité, même si de même sous forme de corps nous sommes appelés à mourir avec Lui, pour renaître avec Lui.

     

    Pâques, ou le passage vers le Royaume

     

     

          L'oeuf est en effet la meilleure image possible pour cette éternelle renaissance, cet éternel recommencement.

          Aussi vais-je vous souhaiter de bons œufs de Pâques et beaucoup de soleil dans votre cœur !

     

    Pâques, ou le passage vers le Royaume

     

     

     


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  • Jeu

     

     

     

    Si je ne suis qu'une balle entre Ses mains

    Qu'importe s'Il me lance en l'air

    ou contre le mur

    Puisque je me retrouve entre Ses mains

     

     

    Et si les autres ne sont que d'autres balles entre Ses mains

    Qu'importe s'ils me heurtent

    dans leur course

    À qui pourrai-je en vouloir

     

     

     Ce n'est qu'un jeu

     

     

     


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    Promenade hivernale


                Aujourd'hui, une marche en forêt m'a permis de retrouver la complicité grave des grands arbres, la tranquillité sereine de la terre gorgée d'eau et le sourire des branchages échevelés.

              Une première surprise m'a fait rencontrer ce pied de géant :


    Drôle de pied


          Puis je suis arrivée à la source que veille un chêne majestueux, celui que l'on vénère en tant que porteur des esprits du lieu - ici avec une Vierge nichée en son cœur et que l'on nomme "l'Image"...


    A droite le grand chêne, à gauche les rambardes protégeant la source

    La Source

      

    L'Image protégée par une vitre et honorée par une branche de houx

     

            J'en ai fait le tour et je lui ai parlé, je l'ai interrogé en collant mon oreille et mes bras à son écorce.

          Car je sentais que c'était lui le vénérable ; un maître dominant tout le secteur de sa profonde sagesse.

           Je lui ai demandé s'il était vrai que, comme la poupée de sel, il fallait se laisser fondre et totalement disparaître dans le Tout, comme cette poupée qui se dissout dans l'Océan.

              Alors il m'a dit :

    «  Mes racines plongent profondément dans la Terre dont je reçois ma nourriture.

         Et tout ce que je reçois je le renvoie vers le Ciel par ma ramure.

          Ainsi je ne puis disparaître, car je suis important pour la Vie. Tous les êtres que tu peux voir sont importants pour la Vie, car la Vie les traverse. Des profondeurs jusqu'aux hauteurs nous sommes traversés par la Vie, jusqu'à ce qu'Elle cesse de le faire. Nous sommes ses représentants et devons être fiers de l'être. Nous ne devons donc pas aspirer à disparaître. »

     

    Le Grand Chêne vu de dos avec la rambarde de la source

     

     

           Je compris soudain que j'avais mélangé deux choses : l'univers mental et l'univers physique. Au sein du mental on peut comprendre que toutes les pensées sont comme des nuages, sans grande importance pour le ciel puisqu'elles passent. Tandis qu'en tant qu'êtres incarnés, nous sommes traversés par le Souffle, et marqués par la respiration, de même que par tout ce que nous absorbons et rejetons, recevons puis restituons, découvrons puis communiquons.

          Et comme les arbres, nous sommes tous les représentants de cette Vie qui, malgré nos différences apparentes, nous traverse tous exactement de la même façon, laissant en chacun de nous un bagage de qualités à exprimer, toutes différentes pour magnifier son extraordinaire diversité, son immense créativité.

           Mais en poursuivant ma promenade, voici que je rencontrai des arbres souffrants, portés par leurs congénères.

     

    Un arbre retenu par deux autres, l'un par le milieu, l'autre à la tête


         Alors je me suis souvenue de ce que j'avais entendu dire : dans une forêt, les arbres seraient tous de la même famille, frères, sœurs ou enfants les uns des autres ; et ils s'entraideraient.

           Mais n'en est-il pas de même des humains ? Tous frères, tous semblables, et cherchant à s'entraider... ?

         Ainsi n'a-t-on pas besoin d'aller chercher l'Océan, pour comprendre qu'un même Souffle traverse identiquement toutes les formes qui finalement se répondent les unes aux autres et se soutiennent mutuellement comme pour former un vaste Corps.

     

    Un arbre soutenu par un autre

        

           Je souris à ce drôle d'animal qu'une vieille souche venait à représenter : même abandonné par le Souffle, ou la sève, l'arbre a encore quelque chose à nous dire...

     

    Un drôle d'animal

     

         Mais cela n'est pas nouveau, n'est-ce pas : je suis née dans une forêt (Fontainebleau) ; je me ressource toujours en forêt, de préférence... Et n'est-ce pas là un retour à l'essentiel, juste pour dire : ce que tu cherches, tu le sais depuis toujours ?

     

    Retour à l'essence - ciel

     

     

     

     


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