• La tempête apaisée

     

            Ce passage des évangiles synoptiques, relaté par Matthieu en son 8e chapitre (versets 23-27), Marc en son 4e (versets 35-41) et Luc en son 8e également (versets 22-25), me poursuit par la puissance de son message. 

          Voici le souvenir que j'en ai :

      Comme Jésus traversait avec ses disciples le Lac de Tibériade sur un de leurs bateaux de pêche, voici que s'éleva un vent violent qui produisit des vagues gigantesques, mettant l'embarcation en grand péril.

         Lui cependant, dormait.

    - "Sauvez-nous, Seigneur ! Nous coulons !" hurlèrent les marins en proie à la plus vive terreur.

      Réveillé par leurs cris, Jésus se leva et d'un geste, apaisa le vent et les flots. Puis il leur dit : "De quoi donc aviez-vous peur ?"

     

        Cet épisode ne peut manquer de me rappeler les vers du philosophe latin Lucrèce, que j'avais jadis appris par cœur et dont voici une traduction :


    " Qu'il est doux de voir peiner quelqu'un dans la tempête, tandis que tu es toi-même à l'abri sur le rivage ! Ce n'est pas que tu te réjouisses du malheur d'autrui, non, mais plutôt que tu es trop heureux d'en être épargné ... "

     
       La philosophie de l'advaïta vedanta, qui nous enseigne que tout est en nous, nous montre que cet "autre" est aussi nous-même, et que lorsque nous réussissons à nous détacher de l'histoire personnelle tissée depuis notre enfance, nous découvrons enfoui en nous un espace de paix exempt de toute lutte et inaccessible à toute tempête. Cet espace étranger aux mouvements du monde serait notre véritable nature, inaltérable et parfaite. 

         De même le passage de l'évangile expose une situation dont tous les éléments peuvent être perçus comme des aspects de nous-même : la mer en furie, ce sont nos émotions qui se déchaînent ; le vent qui souffle, c'est notre mental qui souffle des pensées d'angoisse ; les disciples désemparés, c'est l'image de notre moi qui se sent menacé et impuissant. Mais où est donc "le Seigneur"... ? Celui que la tempête n'affecte pas, celui que la peur de la mort n'atteint jamais, celui qui par sa seule présence fait s'éteindre tout mouvement mental et émotionnel, celui enfin devant qui le petit moi personnel doit s'incliner, dépassé ?

          On prétend que c'est lorsque la Nuit semble la plus noire, que le Jour est près de se lever pour la dissiper... 

     

          Il est étonnant de remarquer, au-delà de toute remarque sur les bouleversements actuellement visibles dans le monde et dans les vies des uns et des autres, que nous approchons d'une Pleine Lune (qui aura lieu demain matin vers 6h40) marquée par un carré (c'est-à-dire un conflit) avec Mars lié à Neptune en Poissons. Neptune, Dieu de la mer, est chez lui en Poissons et Mars, Dieu de la Guerre, y déchaîne une terrible tempête.

         Mais que se passe-t-il avec cette opposition Soleil-Lune au début du Sagittaire et des Gémeaux ? La lune, reflétant le Soleil à son opposé lui renvoie son énergie décuplée, telle la corde totalement bandée d'un grand arc cosmique ; et d'arc il est bien question puisque le Soleil exprime l'énergie du Sagittaire, ce Centaure (mi-cheval mi-homme, donc animal doué de conscience) qui pointe sa vision vers l'infini.

        Or début Sagittaire se trouve déjà Jupiter, le Maître des dieux, qui est là en son domicile et donc y exprime toute sa puissance d'autorité bienveillante.

          Tout semble donc indiquer que ce Roi des Rois endormi, oublié, peut resurgir à la faveur de ce conflit et de l'appel au secours suscité. En se produisant au tout début d'un signe, cette Pleine Lune apporte la possibilité d'une surprise, la lune n'entrant dans le signe des Gémeaux pour se mettre face au Soleil que trente minutes environ avant le moment exact de son apogée, puis dans sa course rapide se plaçant face à Jupiter quelques heures seulement après celle-ci...

          Mais l'espoir d'un apaisement est-il suffisant, quand il n'est qu'un concept mental ?

         L'ABANDON, qui reviendrait pour les disciples à accepter de couler à pic, n'est-il pas la seule attitude réellement utile pour rencontrer ce Maître endormi dans les profondeurs de soi-même ?... S'abandonner, c'est aussi fermer les yeux, s'endormir soi-même en toute confiance et donc n'être plus que FOI, cette foi qui caractérise également la nature de Jupiter - second maître des Poissons, en astrologie.  


    *  *  *

         Note du 23/11 :  Hier soir après la rédaction de cet article, puis ce matin j'ai eu la surprise de rencontrer d'innombrables occasions d'éclater de rire, ce qui n'est pas du tout habituel et m'a paru merveilleusement agréable ! Ce fut même un fou rire inextinguible durant un bon moment... Force m'est donc de constater que, située en Gémeaux, la lune avait elle aussi son mot à dire, apportant légèreté et espièglerie, et permettant de comprendre que l'humour est la meilleure façon de se détacher du drame apparent de la vie. Elle qui fait gonfler les marées, elle montrait pourtant que rien de tout cela ne devait être pris au sérieux.

        Belle leçon. Belle réponse de l'univers.

     

     

    « LumièreBeauté »

  • Commentaires

    1
    Vendredi 23 Novembre 2018 à 17:47
    daniel

    J'aime bien la fin. Rire, être léger, ne pas se prendre au sérieux. Moi j'aime ça !!

      • Vendredi 23 Novembre 2018 à 20:54

        C'est parce que tu es un vrai sage ! sarcastic

    2
    Samedi 24 Novembre 2018 à 08:49

    J'aurais bien besoin d'un peu de légèreté et d'espièglerie

    3
    Samedi 24 Novembre 2018 à 09:12

    Je n'avais pas songé à voir dans ce passage de l'Evangile les correspondances dont tu parles. Effectivement, transposé  à la nature humains, tout concorde.

    Amitiés

    Alain

      • Samedi 24 Novembre 2018 à 11:37

        Il nous est plus facile de comprendre ce message dans l'optique de notre vision du monde ; cependant ultimement il va beaucoup plus loin, car si l'on observe attentivement le Prologue de l'Evangile de Jean, on comprend que Jésus, qui a dit, "le Père et moi sommes un", est aussi le Verbe, donc un avec le Père, et un avec toute la création ("Par Lui tout a été fait"). Donc si tout est en Lui, nous sommes en Lui aussi. Et il n'y a que l'UN. Donc rien ne peut nous arriver que de demeurer en  Lui, de quelque manière que cela soit ressenti.

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