• La lune

     

     

           Ce soir, quand je suis sortie dans mon jardin vers 21h, la lune, légèrement dégarnie par le dessus, m'a accueillie avec un grand éclat de rire cristallin. Elle resplendissait avec une belle auréole dorée et lançait des rayons en tous sens, surpassant de sa belle lumière les éclairages de la ville. Non loin d'elle, une étoile lui tenait compagnie, suffisamment puissante pour n'être pas éclipsée par son éclat ; et sur ma droite, plantée comme un clou d'or en plein ciel, se tenait Mars, ferme et solide en cette place depuis un temps immémorial.

         J'approchai ma chaise pour mieux écouter ce joli rire s'égrenant en perles dans l'immensité de la nuit, et je l'entendis dire :

    « Tu vois ! Je suis toujours là, quoi qu'il arrive. Parfois je disparais, parfois tu ne me vois plus : je diminue, je me cache, je sors plus tard, plus tôt... et pourtant, hop ! je réapparais, toujours la même ! Rien ne me tue : même si je décrois, même si tout est noir, où suis-je ? Je demeure identique, à la même place dans le ciel, et bientôt tu me vois de nouveau, de même que tout ce ciel et toutes ces étoiles.

         Votre petite planète où tout varie peut-être secouée de tornades, de vents de sable qui vous enterrent et vous asphyxient, qu'importe ? Ici, dans l'incommensurable espace, rien ne varie, et vous êtes enveloppés par notre amour attentif, notre présence immuable.

          Lorsque tombe la nuit et que se calme votre vaine agitation, lorsqu'enfin les humains s'abandonnent au sommeil réparateur, alors survient ce Silence loué dans l' hymne célèbre de Jean-Philippe Rameau... et alors tu comprends combien c'est Lui qui est à l'origine de tout, et en Lui qu'apparaissent tout ce que l'on appelle "sons", et qui bruit simplement. Et dans cet espace immense que l'on perçoit lorsque l'on se trouve dans un lieu isolé (au désert par exemple) tu comprends également, à la faveur des ténèbres, que c'est de cette même obscurité que tout a pris naissance et en elle que tout est retourné, comme un pantin peut jaillir d'une boîte ou un génie surgir d'une lampe à huile, puis s'y lover à nouveau une fois sa mission accomplie.

          Quel âge as-tu, quand tu me regardes rire ? Le temps ne s'efface-t-il pas, dans la permanence de cette vision qui dépasse même l'espérance d'une vie ?... »


            Mais je ne sais pas demeurer là moi-même, suspendue à ma vision.

          Comme les autres humains, je retourne en mon abri trouver refuge dans le sommeil ; dans ce sommeil qui efface tout, les souvenirs, les désirs et la conscience de soi ; ce divin sommeil qui gomme la tristesse et la fatigue des corps, pour rendre à l'âme sa jeunesse inaltérable et sa joie originelle ; ce sommeil frère de la nuit, qui nous rend à l'espace dont nous sommes issus et nous lave des nuages accumulés à travers nos jours tourmentés.

     

     

     

    « L'oiseau merveilleuxPlénitude »

  • Commentaires

    1
    Mercredi 4 Novembre 2020 à 17:20
    daniel

    Tu viens d'écrire un très beau texte. Je le ressens bien. Souvent la nuit je me lève pour regarder  la lune. J'ai alors conscience de ce monde grandiose qui m'entoure. Je me sens si petit mais avec la sensation de faire parti de ce grand tout !!

    2
    Mercredi 4 Novembre 2020 à 18:47

    c'est un très beau texte, vivant, joyeux et admiratif de ce grand monde et de ce  JE SUIS mystérieux.

    Hier soir, j'ai vu aussi deux étoiles piquetant le ciel, bravement et sûrement. 

    Et oui, quand nous sommes vraiment dans l'instant (il n'y a ni âge, ni sexe, ni savoir)

    et j'irai écouter l'hymne célèbre. Bises 

     

      • Mercredi 4 Novembre 2020 à 22:18

        Tu le connais bien, si tu as vu le film "les Choristes", mais j'aime beaucoup son texte, que j'ai mis en lien.

    3
    Lundi 9 Novembre 2020 à 16:41

    Quel bonheur quand je la vois lumineuse dans le ciel alors je lui dis "Que tu es belle veille sur nous les humains" Parfois elle n'est pas dans l'axe de mon velux ou de ma terrasse alors je prend mon APN et je vais la chercher. Elle me fascine.

    Beau texte que tu as écrit là. Oui quand je lui parle je ne sais plus mon âge ni le sien.

    Bel Après-midi Mâyâlîlâ

    Bises

      • Lundi 9 Novembre 2020 à 17:14

        Je sais combien nous sommes en harmonie sur ce sujet, chère Océanique.

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