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    Séverine Millet

     

     

    « La joie d'être demande que nous consentions vraiment à tous les aspects du vivant, dont la tristesse, la peur et la souffrance. La joie ne peut éclore si tristesse, peur et souffrance ne peuvent éclore. La vie et la joie vibrent lorsque nous consentons à ouvrir notre cœur, notre esprit et notre corps à la proposition de la vie, et en nous ouvrant et nous exposant sans limites à ce vivant tel qu'il s'exprime.

         Le chemin de joie est exigeant : c'est une ouverture de notre être à tout ce qui est et se présente à nous. C'est une invitation à nous donner à l'instant et au réel, dans toute notre vulnérabilité, tel un nouveau-né offert. C'est dans cet abandon de plus en plus profond et sans conditions à ce que la vie propose qu'émerge la joie simple d'être vivant. »

     

    Séverine Millet, Vivante ! Éditions Accarias l'Originel

    (Voir ses sites ici et )



     


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    Résonance

     
    «  Mettre en résonance l’Invocation du Nom dans le christianisme et l’Invocation du Nom dans les grandes traditions spirituelles de l’humanité ce n’est pas du syncrétisme, c’est rappeler l’unité du genre humain. Ce qui est vrai dans une tradition doit se retrouver sous des formes et des nuances qui lui sont propres dans les autres traditions, sinon ce serait « une pauvre vérité » : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà »… Cela ne veut pas dire qu’il faille mélanger les méthodes, cela serait manquer de discernement et de respect à l’égard des contextes théologiques et anthropologiques dans lesquels elles ont été élaborées. Ici comme ailleurs, « l’enracinement et l’ouverture » sont nécessaires.
         Les considérer comme « hérétiques » ce serait manquer au premier commandement qui est de confesser la Présence, dans toutes les créatures, de l’Unique Créateur, cette Présence se révélant à des degrés divers qu’il ne nous est pas possible de mesurer ou de juger sans se prendre soi-même pour Dieu.
    Mieux vaut reconnaître comme le faisaient les anciens, la présence du « Logos qui éclaire tout homme venant en ce monde », les « sperma théou », les semences de Dieu qui se frayent un chemin de lumière à travers les opacités et les duretés du cœur humain.
          Plutôt que de relativiser la valeur unique de la méthode hésychaste, les grandes traditions spirituelles de l’humanité la confirment, comme une des formes les plus actuelles par lesquelles l’infini désir de l’homme tend à rejoindre l’infini Réel, qui peut l’apaiser et lui communiquer la Joie.  »
     
    Jean Yves Leloup - "Écrits sur l’Hésychasme "
     
     
     

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    Vide comme l'espace
     
     
    Je suis
    Vide comme l'espace.
    Qui pourrait me saisir ?
     
    Je suis
    Vaste comme le ciel.
    Qui pourrait m'attacher ?
     
    Je suis
    Aussi profond que l'océan.
    Qui pourrait me sonder ?
     
    Je suis
    Aussi fort que la terre.
    Qui pourrait me combattre ?
     
    Je suis
    Radieuse comme le soleil.
    Qui pourrait me voiler?
     
    Je suis
    Sans peur comme la mort.
    Qui pourrait m'ignorer ?
     
     
    Vimala Thakar (L'ombre du Silence)
     
     
     

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           Je déguste à toutes petites doses un recueil de textes mystiques du philosophe iranien du XIIe siècle Sohravardi (prononcez Sohrawardi, avec un "v" latin), traduits et réunis par Henry Corbin sous le titre inspirant de l'un d'eux : "L'Archange empourpré."


    L'Archange empourpré

         Ce qui me frappe le plus, c'est de découvrir que cet Islam, aux antipodes de ce qu'en comprennent certains enragés de notre siècle, est la continuation parfaite, non seulement du Judaïsme (puisqu'il est fait constamment référence à ce que nous connaissons de l'Ancien Testament), ainsi que du Christianisme primitif (puisque Jésus et son enseignement sont également mentionnés), mais aussi et simultanément du Platonisme et du Pythagorisme grecs. Ce qui en fait une sorte d'apogée de la pensée vers un sommet spirituel en parfaite harmonie avec nos racines européennes. Parfois je me demande si les Rois Mages venus adorer Jésus n'appartenaient pas à cette tradition dont se réclame le jeune philosophe prématurément disparu.

          En harmonie également avec la tradition enseignée par la Rose-Croix de Max Heindel, Sohravardi (orthographié ainsi par Henry Corbin) enseigne que le "Père" ayant engendré Jésus est en réalité l'Esprit-Saint, le donneur de Vie, souvent représenté sous la forme de l'Archange Gabriel, et que cet Esprit-Saint est également le "Verbe" qu'on dit première expression du Principe, du Divin absolu. L'Esprit-Saint, appelé Jéhovah dans l'Ancien Testament, et que je suis toujours tentée d'associer à Shiva pour l'Inde, est également Celui qui apparut à Moïse sur le Mont Sinaï, et que le philosophe nomme "l'Archange empourpré" - car il est feu ardent pour le regard.

         Voici un extrait du chapitre XII du "Livre des tablettes" (p.113).

        L'auteur y reprend son idée principale, qui est que la pensée s'appuie sur sa faculté à faire des images mentales, "l'Imagination" donc, mais dans un sens particulier où se crée un monde non imaginaire mais "imaginal", pure représentation des intuitions les plus élevées de l'Âme.

      « Lorsque l'Imagination active est toute préoccupée par les réalités spirituelles et qu'elle s'applique à la méditation des sciences divines, elle est alors l'Arbre béni (Qorân 24/35), parce que de même que l'arbre a des branches et porte des fruits, de même l'Imagination active a des branches, lesquelles sont les différentes sortes de pensées, et sur ces branches on cueille le fruit qui est la lumière de la certitude.  (...)

           Un autre verset le confirme : "Nous avons fait naître un arbre qui émerge du Mont Sinaï" (23/20). Le mont SINAÏ, c'est l'horizon intellectif (celui des pures Intelligences). L'arbre (l'olivier) produit de l'huile et certain condiment pour ceux qui la consomment. Autrement dit, c'est par cet arbre (l'Imagination intellective) que l'on se procure l'huile des purs Intelligibles, et cette huile met l'âme en état d'accueillir la fulguration sacrosainte, à subir l'embrasement de la lampe de la certitude et la présence-feu de la SAKINA1. Car les sciences divines sont le pain de l'âme, comme elles sont le pain des Anges auquel ont fait allusion PYTHAGORE dans ses symboles et DAVID dans ses psaumes. (...)

          Et cet arbre, c'est l'arbre même de MOÏSE, le Buisson ardent dont il entendit l'appel dans la Vallée bénie, lorsqu'il dit : "J'aperçois un Feu" (28/30) du côté du mont Sinaï. (...) Ce Feu flamboyant c'est le Père sacrosaint, l'ESPRIT-SAINT, et c'est le Feu même qui proclame : "Béni soit celui qui est dans le Feu" (27/8), c'est-à-dire bénis soient ceux qui se sont conjoints à lui, et "bénis soient ceux qui sont autour du Feu" (ibid.), c'est-à-dire les fidèles d'amour qui observent attentivement ce Feu.

           Nos âmes sont les lampes qu'embrase ce Feu sublime (...). »


    Equivalent du mot hébraïque Shekhina : la Présence divine.

    Nota : J'ai reproduit le texte exactement, c'est-à-dire avec la même orthographe, les mêmes majuscules et les mêmes italiques, ainsi qu'entre parenthèses les numéros des versets coraniques cités. J'ai simplement supprimé les nombreuses notes et rajouté celle ci-dessus.

     

         Le texte se poursuit dans la même atmosphère sublime, ce qui est bien sûr transportant pour l'esprit... Mais je retiens essentiellement cette notion du "Feu" qui embrase l'âme, et que l'on appelle plus couramment "Amour" - quoiqu'il s'agisse d'une version particulièrement élevée de celui-ci.

         Il peut être nommé aussi "Lumière", celle dont Jésus disait qu'elle abolit les ténèbres, car ce Feu a le pouvoir de consumer tout ce qui n'est pas lui. Ce qui nous conduit tout naturellement à l'enseignement de l'Advaïta Vedanta, selon lequel l'ego s'efface totalement quand apparaît la Pure Réalité du Soi.

     

     

     


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          Aujourd'hui j'ai lu un si joli poème que je souhaite vous le partager.

          Il fait du bien au cœur, et nous en avons besoin en ces temps difficiles !

           Il est l'œuvre d'un poète belge que je ne connaissais pas, Achille Chavée (1906-1969), et fait partie d'un de ses derniers recueils : l'Agenda d'émeraude, paru en 1967.

          Je me permets même d'y associer l'image trouvée en accompagnement sur la page facebook de Charybde (le pseudo d'une communauté consacrée à la recherche spirituelle).

     

    En suivant le conseil
    je mis du sel
    sur la queue de l’oiseau merveilleux
    de mon enfance
    et l’ayant capturé
    je m’en nourris toute ma Vie
    Ainsi je sus que j’étais Zen l’oiseleur
    comme une éponge est arrachée
    au fond de l’océan
    et finit par laver l’image du malheur

    Achille Chavée (L’agenda d’émeraude)
     
     

    L'oiseau merveilleux

     

     


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