•  

                33 est un beau chiffre... Et l'Ode correspondante contient des joyaux.

           En voici le début :

         « Ô échanson, verse le vin en abondance, afin que s'évanouisse cet état qui balance entre la crainte et l'espoir.

           Détruis la pensée : qu'avons-nous à faire d'elle ? »


          L'ivresse est recherchée pour chasser l'activité mentale et ses fluctuations. À l'instar de certaines prises de drogues, elle vise à atteindre un état d'extase, où l'âme est totalement immergée dans l'Amour qu'elle ressent.

          En voici le résultat, plus loin :

        «  Le monde est devenu semblable au Mont Sinaï, chacune de ses parcelles est remplie de lumière.

           Pareille à Moïse, l'âme s'est évanouie dans la vision de Dieu.

          Chaque créature unie à Lui, dans l'union à l'origine de sa propre origine,

          Se moque du néant et applaudit à sa propre manifestation.

          Chaque feuille est fraîche et joyeuse, chaque atome crie sa joie :

         " La résignation est la clé du bonheur, et l'action de grâces est la clé du contentement."   »


           L'ode elle-même est très longue, avec des vers parfois obscurs, parfois sublimes. Je m'en tiens donc à cet extrait en soulignant ces trois messages : 

          -  sous l'effet de l'ivresse, le monde devient lumière car il apparaît uni avec son origine ("à l'origine de sa propre origine") : Lui, c'est à dire l'énergie primordiale ("Dieu").

            -   toute créature, n'étant que l'émanation de cette Lumière primordiale, ne peut que se réjouir d'être ("applaudit").

              -   les deux attitudes essentielles à adopter pour tout être vivant sont, d'une part ce qu'il appelle "la résignation" et que nous appellerons plus volontiers l'acceptation pleine et entière de tout ce qui survient (incontournable puisqu'en tant que créatures nous n'avons aucune prise sur le monde), et d'autre part "l'action de grâces" (qui va de soi, car quel cadeau inouï que la Vie !).

           

    Note : Extraits cités dans la traduction d'Eva de Vitray Meyerovitch (éditions du Seuil).


    4 commentaires
  •   

    Parfois je crois être un bassin inondé de pétales de roses.

    Des lumières apparaissent, bienfaisantes comme une pluie de tendresse.

         Ce sont comme des confidences intimes, des paroles secrètes non formulées et audibles seulement par le cœur, qui subitement les reconnaît. 

            Le chant que j'ai découvert a ouvert une immense fenêtre qui m'a tenue éveillée dans son écoute presque toute la nuit - alors que je venais de lire ces mots de Rûmî :

    « Ce soir, lutte contre toi-même, ne t'endors pas,
    Afin de découvrir les largesses que répand la joie. »
    (Ode mystique 258)


          Le texte est en sanskrit, adressé au Dieu des dieux Shiva, et il est ici interprété par Deva Premal avec Manose, merveilleusement inspirés tous deux - elle au chant et au synthétiseur, lui à la flûte de bambou et au chant en écho.   



            En voici les paroles si émouvantes, avec un essai de traduction. 

        La formule "tvam eva" (ou "twameva" suivant la prononciation) signifie : "toi précisément", c'est-à-dire "c'est toi qui...", ou "toi seul...". 


    Tvam eva mata cha pita tvam eva,
    Tvam eva bandhus cha sakha tvam eva ;
    Tvam eva vidya dravinam tvam eva, 
    Tvam eva sarvam, mama Deva Deva !


    Toi qui es ma mère, mon père,
    Toi qui es mon prochain, mon ami ;
    Toi qui es ma connaissance, ma richesse,
    Tu es vraiment mon Tout, mon Dieu, mon Dieu !

     

     


    6 commentaires
  •  

           Les choses arrivent comme elles doivent arriver.

         On consulte son thème astral, des cartes divinatoires pour savoir que faire, comment envisager l'avenir... et on en vient parfois à conclure que c'est l'oracle qui nous a influencé dans nos choix.

          Ainsi, le père d’Œdipe s'entendit-il prédire qu'il serait tué par son fils et fit-il son possible pour l'éviter en expédiant celui-ci dans le pays voisin ; tandis qu'Œdipe lui-même, apprenant qu'il devait tuer son père, fit son possible pour l'éviter en s'exilant dans le royaume voisin. Deux propositions négatives s'annulant comme nous le montre l'algèbre, il tua par accident celui qu'il ignorait être son père, tandis que ce dernier par accident provoqua celui qu'il ignorait être son fils. 

           « C'était écrit », dit-on souvent...

           Éternelle question du libre arbitre ! Qui bien sûr, si l'on considère l'univers comme une pure projection instantanée du Divin, devient sans objet. En effet, vue depuis un point situé en dehors de l'espace et du temps, une destinée est identique au simple visage d'une personne, toutes les caractéristiques et expériences d'un individu étant ramassées en un seul point, en une explosion unique, une fleur unique.

           « C'était », non pas « tes cris » mais « ton cri ! » me dis-je alors, songeant au cri poussé par le nouveau-né à sa naissance.

          On dit souvent qu'un horoscope de naissance est l'expression de l'univers lorsque vous avez pris votre première respiration en tant qu'être humain : il est donc la représentation de votre cri. L'univers apparu alors est à la fois votre création, votre projection, et le miroir votre être.

           La vie que vous expérimentez est donc vous-même, au même titre que le corps projeté dans le miroir. Et à ce titre elle ne peut être remise en question, et doit être appréciée à sa juste valeur, sans recherche d'amélioration ni de modification aucune.

           Tout ce qu'elle contient d'actes ou de recherches de tous ordres a sa raison d'être, sans qu'aucun jugement, positif ou négatif ne soit autorisé car il serait ultérieur à l'être, pur produit d'un mental déconnecté du vrai.

           Apparaissant comme une fleur au milieu d'un jardin ou comme une gerbe de feu d'artifice dans le ciel, nous appartenons à un ensemble qui nous dépasse et n'avons aucune possibilité d'intervenir sur l'ensemble, celui-ci étant par nature même parfait, et nous-même n'en étant qu'un fragment. La seule tâche qui nous incombe est de

    NOUS ÉPANOUIR


    ce qui nous est  intensément difficile... puisqu'il faut renoncer à tout jugement, et s'abandonner totalement à ce qui est.

         Alors nous sommes comme les oiseaux : ce qui émane de nous est notre chant (notre cri) et il n'y en a pas d'autre, et c'est de là que surgit la Beauté de l'ensemble. On pourrait aussi parler du "parfum" de chacun comme le font beaucoup d'éveillés, ce qui est la même chose en se plaçant dans le domaine des fleurs...

     

    C'est ton cri

     

     

     


    6 commentaires
  •  

     

    Ô Toi qui étais avant que ne fût le Silence

    Comme je T'aimais

    Comme je T'ai aimé  !

      

    Entends l'appel muet de mon Cœur

    Presse-le comme une éponge vidée

    Embrase-le comme un amas de brindilles sèches

    Et qu'il ne soit plus

    Que Flamme à Ta Beauté

    Hymne à Ton Nom 

     


    *   *   *
     

     Il est venu le Bien-Aimé

    À pas de loup dans la nuit

    Traversant les voiles de silences et d'étoiles

      

    Lui qui depuis toujours EST

    Devant ce que

    depuis toujours je suis

     

     

    Amour
    Image tirée du Tarot Zen d'Osho

     

     


    2 commentaires
  •  

    Vierge de Brion
    (image Google Street View)

     

       En route vers la Touraine, je passe à Brion et comme à chaque fois je rencontre la belle statue de la Vierge à l'Enfant qui trône au bord de la départementale 8 (et face à qui, fréquemment, se postent sournoisement les CRS qui contrôlent la vitesse...).

        Comme à chaque fois, je la salue et comme c'est le 15 août, je pénètre encore plus profondément dans son mystère...
         

    « Je vous salue, Marie,
    Pleine de Grâce,
    Le Seigneur est avec vous. »


         Par cette plénitude de Grâce divine, elle est Une avec le Seigneur. Et de même que dans le Moola Mantra il est dit que le "Parabrahman" (l'Absolu) est à la fois "Bhagavate" ("Béni" au masculin) et "Bhagavati" ("Bénie" au féminin), elle est l'expression féminine du Divin, la Grande Mère vénérée en Inde sous de multiples noms (Ma Amba).

         Il en est de même dans cette invocation :

    « Salve Regina,
    Mater misericordiae,
    Vita, dulcedo et spes nostra,
    Salve. » (1)


        Mais vient la suite pleine de puissance évocatrice.

    « Vous êtes bénie entre toutes les femmes
    et Jésus, le  fruit de vos entrailles, est béni. »


       Correspondant dans l'autre prière à :


    « Et Jesum, benedictum fructum ventris tui,
    Nobis post hoc exilium ostende. » (2)

     
      Laissons de côté le "Priez pour nous, pauvres pécheurs", correspondant au "ad te clamamus, exules filii Evae" (3), et voyons ce que peut être ce "fruit de tes entrailles" pour une "mère divine" ou aspect féminin de l'Absolu. 

         N'est-Il pas la Réalité de la Puissance Divine transparaissant à travers le voile de l'Illusion, exactement comme le "Joyau dans le Lotus" du divin mantra ?

       Ces prières à Dieu sous sa forme maternelle, ne nous offrent-elles pas la VISION pure de la Vérité cachée sous les formes apparentes de l'Univers manifesté ? "Jésus", directement engendré par "Dieu" est Sa pure projection pour nos regards mortels. 

         La "Mère", en d'autres termes, "Marie", est aussi Maya, forme apparente ; ce qu'elle recèle pour celui qui se prosterne à ses pieds est l'Illumination, la Puissance initiale de l'Être, que nous saurons reconnaître dès notre mort aux apparences, dès notre sortie de l'exil des sens.

      

     

    (1) "Salut, Reine, mère de compassion, notre vie, notre douceur et notre espoir, salut !"
    (2) "Et Jésus, le fruit béni de ton ventre, présente-le nous après cet exil."
    (3) " Nous crions vers toi, fils d'Ève en exil"

      


    2 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires