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    (Suite de l'article précédent)

     

         «Le Maître» vient à moi sous tous les déguisements possibles : il peut être déguisé en accident comme en bonheur subit, en dépense inattendue comme en agréable surprise. C'est une leçon d'accueil inconditionnel que de le voir en tout.

          Mais pourquoi vient-il à moi ainsi déguisé ? 

        En premier lieu, parce que si je ne voyais pas le déguisement, je ne le verrais pas lui. Sous le déguisement, il est caché.

       Il s'est d'abord caché sous les traits de tous les guides spirituels que j'ai cru rencontrer. Mais là c'est un leurre grossier : car l'identifier à un individu est la pire des bêtises ! Jésus disait bien, lui aussi, qu'il fallait prendre garde aux déguisements : 

    « Ce que vous faites au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous le faites.»
        

         Cependant, et surtout, sous tous ces déguisements, il me parle.

         Il me regarde droit dans les yeux, au plus profond du Cœur, et me dit :


    - Pourquoi t'es-tu ainsi déguisée, toi-même ?


        Et je lui dis :

    - Seigneur, je ne m'en rends même pas compte... !

    - Lâche ce déguisement, et je lâche le mien. Arrête de jouer, et on arrête ensemble, répond-il.


        Le déguisement, ultime cuirasse, me permet de voir des formes en tout ; me multiplie en miroir.

        Voici ce que je lisais hier soir :
      

    «  Regardez en vous si vous n'êtes pas juste, pas réellement vrai, si vous faites de fausses politesses ou de vraies hypocrisies, si vous faites semblant, si vous n'êtes pas en accord profond avec vous-même, si vous faites de faux procès ou de faux pardons. (...) Cela suffit. »

    Charles Coutarel, Éveil 
    (éditions Aluna)

     
            Quel est mon déguisement ?

     

           Si je lâche ce déguisement ; et si le Maître en miroir lâche le sien, que reste-t-il ? ...


    Ni Maître

    Ni moi

     

     


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  •       Ce qui m'a inspiré la découverte qui a enchanté mon week-end est sans doute ce texte émouvant que j'ai lu récemment dans le Tarot de la Transformation d'Osho Rajneesh : l'anecdote qui accompagne la carte intitulée "le Repentir".

        Cette histoire, que je ne relaterai pas en entier, rappelle très vivement celle du reniement de saint Pierre lors de la Passion de Jésus, et il s'agit manifestement du même repentir, faisant suite au même type de reniement provoqué par la peur d'une foule en furie.

    Rajneesh-Tarot de la Transformation-Le Repentir

      

    « Dans la tradition soufie, personne n'est comparable à Al-Hillaj Mansour. Les gens soi-disant religieux ont massacré énormément de monde. Pour Mansour, la crucifixion ne suffisait apparemment pas. On lui coupa les jambes, les mains, la langue. On lui arracha les yeux et lui trancha finalement la gorge. Quel crime avait-il commis ? Il avait déclaré : "Ana'l Hak !" "Je suis la Vérité, je suis Dieu !" En Inde, on l'aurait vénéré pendant des générations. Les musulmans ont vu les choses autrement.

         Des milliers de gens s'étaient rassemblés pour conspuer Mansour. Sous les jets de pierres et les quolibets, le mystique souriait. Quand on lui coupa les pieds, il trempa ses mains dans le sang. Quelqu'un lui demanda pourquoi il faisait cela.
        - Je me purifie, répondit-il, je me prépare à la prière.
       Les crimes et les péchés étant commis par le sang, c'est avec du sang et non avec de l'eau que les mains doivent être purifiées. Comme on allait lui couper les mains, il demanda :
        - Attendez une minute, laissez-moi prier, sans mains ce sera difficile.
        Il leva les yeux au ciel et dit :

         - Mon Dieu, tu ne peux pas me tromper ! Je te reconnais dans tous ces visages autour de moi. Ainsi donc tu prends l'allure d'un bourreau, d'un ennemi ? Je ne me laisserai pas berner, je te vois quelle que soit la forme que tu adoptes. Je te reconnais partout, depuis que je t'ai découvert en moi-même ! » 

    Rajneesh, Tarot de la Transformation - 52, le Repentir


        Mansour dit "Dieu" quand je préfère évoquer "le Maître", deux termes qui peuvent déplaire à ceux qui les identifient à des "personnes". Bien sûr, lorsque je mets une majuscule il ne s'agit pas pour moi du "maître" de qui j'ai reçu un enseignement, mais du "Satguru", du Soi, de l'Être absolu. Dans la Réalité, tout est le Soi, et pour notre petit mental humain qui en prend conscience je ne vois pas comment nommer autrement ce qui est la "Matrice" ou le "Patron" de toute forme perçue.

         Toujours est-il que cette grande Puissance de Vie s'imprime à tout ce qui nous apparaît, comme le marionnettiste entrant ses doigts dans les choses pour les faire vivre, ou comme l'Acteur suprême revêtant tous les costumes possibles pour jouer avec nous sur la grande scène du monde visible. 

          Vendredi dernier, j'ai soudain ressenti cette Présence dans tout ce qui m'environnait, m'emplissant d'amour et de gratitude... « Il » venait à moi déguisé en caissière ! En arbre ! En chien ! En merle !...

         Le mot "Dieu" est vague et pompeux, le mot "Bien-Aimé" évoque trop la passion amoureuse, je pensais donc "le Maître" : celui qui vous bénit, qui vous nourrit et vous guide avec l'infinie patience d'une mère - celui aussi il est vrai que Jésus nomme "Le Père".

            Tout ce qui se présentait à moi, c'était Lui.

            C'est alors que je fus agressée par une personne furieuse. Aussitôt, je songeai : « Le Maître vient à moi déguisé en personne furieuse

           Mon cœur en fut inondé d'amour ; et devant mon silence et mon empathie mon interlocuteur se calma bientôt.

          Le week-end fut fabuleux. Je n'avais même plus le temps de penser : "Il vient à moi déguisé..."  Dommage, car c'était vraiment le cas !

           J'espère continuer à me remémorer cette pensée ; quoi que ce soit qui se présente, c'est Lui, ce ne peut être que Lui. Ainsi l'accueil que nous faisons aux événements et aux personnes quels qu'ils soient ne peut être que d'Amour et de Confiance absolue.

     


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    Je viens d'acquérir un petit bijou : ce livre qui rapporte de Mooji non seulement des propos remarquables, mais encore ses créations graphiques au pinceau, toutes plus douces et inspirantes les unes que les autres...

     

    Danser sur l'eau
    Danser sur l'eau (éditions Almora)

        

         Voici quelques extraits tirés du début de l'ouvrage.

       Le premier est en vis-à-vis d'une représentation de Jésus inspirée par le Saint-Suaire qui est d'une beauté à couper le souffle, mais que je ne me permettrai pas de reproduire ici... Notons cependant que c'est moi qui prétends qu'il s'agit de Jésus : Mooji l'a coiffé d'un bonnet et a simplement mentionné "le Prophète".

     

     

    Aime ta vie avec gratitude
    comme un don de la vie elle-même ;
    comme une expression de Dieu ;
    comme une danse du cosmos,
    et demeure intérieurement,
    sans forme, Ce qui voit.


    Le sage regarde sa propre image
    dans le miroir de l'existence
    mais ne s'y trompe pas,
    et reste l'Être inaltérable et brillant
    dans le sanctuaire du vide.

     

    * * *

     

    Il n'y a rien, aucune "chose"1 au-delà de "Je Suis".
    Toi aussi, en tant que "rien", tu es au-delà de "Je Suis".

     

    Mooji, Danser sur l'eau
    (éditions Almora)

    1) En anglais, "nothing", que l'on traduit par "rien", signifie textuellement "aucune chose". Ainsi le "rien" est absence d'objectivation. (Note modifiée).

      

     


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    Je suis

    L'Instant Présent

    Sublime

    Immense

    Magnifique

    Gigantesque

    Vibrant de Plénitude

    Débordant de Plénitude

    Moussant à l'infini des formes

    Suscitant à l'infini des sons et des couleurs

    Fleurissant de sensations

    Puissance immaculée

    Profondeur fantastique

    Souvenirs mémoires pensées

    Calculs et mondes qui glissent

    Astres qui s'entrechoquent

    Je suis 

    L'Amour Vivant

    La Joie Vivante

    La Force et la Beauté

    Je suis

    Toi

    Toi qui me souris

    Toi qui es

    Ami Amie Jumeau de Coeur

    Je suis

    L'Abîme frissonnant d'ailes d'anges

    Je suis

    L'Instant unique qui se déroule

    Tel un ruban infiniment déployé

    Qui flotte

    Et qui varie en mille miroitements

    Et sombre

    Et clair

    Et souriant

    Et grinçant

    Éveillé

    Endormi

    L'Instant

    Suprême Réalité

     

     

     


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            Je parlais dans l'article précédent de douter de l'Intelligence Supérieure ! Mais comment en douter si l'on ne cesse d'être confronté à un tourbillon auquel on ne peut faire face ? Il y a bien une Force qui le suscite, et si l'on ne peut y voir clair, c'est bien que cette Force nous dépasse.

              On se pose alors mille questions sur "que faire" et "que va-t-il se passer" ; et c'est alors que revient en tête la phrase de Ramana Maharshi (que je cite en substance) :

    « Vous êtes embarqués dans le train de la Vie, et n'ayez crainte, celle-ci vous mènera sûrement à destination. Alors asseyez-vous, déposez vos bagages, et respirez tranquillement ; laissez-vous porter et profitez du paysage. »


         Déposer ses bagages, c'est : ne plus se poser de questions, arrêter de chercher "que faire". Se laisser inspirer et miraculeusement les choses se mettent en place toutes seules. Chaque instant apporte sa bénédiction car vous ne vous attendiez pas à une si belle solution ... tout en continuant à trembler pour ce qui va suivre, mais le processus continue, et cela va se faire... SANS VOUS.

             Alors, vous revient en tête ce texte lu aux entrées des églises :

    « Si souvent nous ne sommes pas conscients de la manière dont Dieu nous porte aux jours difficiles ! Voici, d'après un poème brésilien, ce qu'en dit un croyant :

    Cette nuit, j'ai eu un songe : je cheminais sur la plage, accompagné du Seigneur.
    Des traces sur le sable rappelaient le parcours de ma vie :
    les pas du Seigneur et les miens. Ainsi, nous avancions tous deux jusqu'à la fin du voyage.

    Parfois, une empreinte unique était marquée; c'était la trace des jours les plus difficiles, des jours de plus grande angoisse, de plus grande peur, de plus grande douleur...

    J'ai appelé : - Seigneur, tu as dit que tu étais avec moi tous les jours de ma vie, j'ai accepté de vivre avec toi. Pourquoi m'avoir laissé seul aux pires moments ?

    Il m'a répondu : - Mon fils, je te l'ai dit, Je serai avec toi tout au long de la route. J'ai promis de ne pas te quitter. T'ai-je abandonné ? Quand tu ne vois qu'une trace sur le sable, c'est que ce jour-là c'est moi qui t'ai porté.

    De même, aujourd'hui, ayez confiance en Celui qui sait vous porter aux heures difficiles. Il est fidèle, Celui qui pour vous a été au bout de son amour. »


          Et vous riez de la naïveté du poète en question. Comment pourrait-il y avoir vous et votre Seigneur, cheminant côte à côte, et des jours plus difficiles que d'autres où celui-ci vous porterait tandis qu'il vous abandonnerait quand tout va mieux ?! 

           Ce n'est pas "aux heures difficiles" qu'Il vous porte, c'est tout le temps.

          Seulement comme un enfant turbulent, vous vous débattez pour marcher tout seul... Arrêtez de gigoter ; laissez-vous porter.

         Comme sur l'Océan, pour être réellement porté, il faut "faire la planche", c'est à dire "faire le mort" et s'endormir littéralement, totalement abandonné aux vagues...

     

     


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